Duel Juppé-Fillon: faut-il s’attendre à un retournement ?

Le premier tour de la primaire à droite s’est soldé par un résultat aussi spectaculaire que franchement inattendu. Des sept candidats en lice, c’est bel et bien François Fillon qui arrive largement en tête, frôlant la majorité absolue très loin devant Alain Juppé et Nicolas Sarkozy.

Par Abderrahim Hafidi*

Aucun sondage n’a prévu ce score et cela rappelle curieusement le fiasco sondagier lors des dernières élections américaines. Aucun Institut de sondage n’avait prévu ni l’ampleur de la participation (près de 4 millions ), ni Le score du candidat Fillon.

Cette primaire avait commencé en trombe pour l’ancien président de la république et l’ancien’ premier ministre Alain Juppé que les sondages les plaçaient en tête de la course.

Au fur et au mesure que la campagne s’intensifie, au terme des deux débats entre les sept candidats, il apparaissait que le candidat Fillon grillait la politesse à Sarkozy et Juppé .
Que s’est il passé pendant la campagne des primaires ?

Alain Juppé a orienté toute sa campagne vers une alliance forte avec le centre avec un programme économique libéral mais un contenu idéologique très apaisant que symbolise son thème de "l’identité heureuse" , exprimant par là son désir de voir la société française réconciliée en faisant de "l’identité heureuse" une antidote au discours psychorigide des autres candidats en lisse

Quant à Nicolas Sarkozy, il n’a eu de cesse de réveiller les vieux démons de la France en renouant avec ses thèmes de prédilection tels que la sécurité et l’immigration qui mettraient, selon lui, en péril "le noyau gaulois " de la France.

François Fillon lui, a tracé au fil des mois son sillon. Il a réussi à imposer son personnage : en se montrant un libéral assumé, provincial et discret. Ensuite, il a présenté un programme économique " thatchérien " : des économies draconiennes chiffrées à plus de 50 milliards € principalement en réduisant drastiquement le nombre des fonctionnaires avec une suppression en 5 ans de 500.000 postes.

Enfin, il est resté très conservateur sur le versant sociétal et très ferme sur les questions de l’immigration et de l’identité nationale. En somme, François Fillon a réussi à opérer une synthèse des programmes des autres candidats, avec en prime, sa capacité à se présenter comme un homme nouveau, lui le "vieux briscard " du sérail politique !

Sans doute , le boulet des affaires que traîne Sarkozy et la révélation récente par le sulfureux homme d’affaire Franco libanais, Ziad Takieddine qui aurai joué les intermédiaires pour financer sa campagne présidentielle de 2012 par Khaddafi, ont retourné l’opinion qu’il est sorti éreinté dans ses propres fiefs des Hauts de Seine (92) et les Alpes Maritimes (06) !

Il est presque acquis que François Fillon a bénéficié de la "radicalisation " d’une France qui n’a jamais accepté la loi "du mariage pour tous" dont il fut un adversaire résolu. C’est cette France anxiogène qui s’est mobilisée pour donner une victoire éclatante à ce provincial moqué pour son caractère insipide de sa personnalité transparente.

Au soir de ce premier tour de la droite et du centre, il ressort clairement que dimanche prochain, les électeurs de la droite et du centre auront le choix entre deux offres politiques nettement différentes:
d’un côté L’offre politique de Juppé qui empreinte une vison optimiste de l’avenir et un programme sociétal libéral et moderne : une gestion modérée de la question de l’immigration et un engagement pour plus l’égalité homme /femme. De l’autre coté, François Fillon qui empreinte aux conservateurs le refus d’une société mondialisée dans ses valeurs, et l’ardent désir de renégocier le pacte Français sur des bases identitaires et ouvertement hostile à "l’Etat Providence".

D’ores et déjà, François Fillon part archi favori, fort du soutien de N. Sarkozy et de Bruno Le Maire (respectivement 20% et 2,4 % des électeurs de cette primaire).

Cependant, Si l’arithmétique semble sceller le destin d’Alain Juppé, la politique, n’étant pas une science exacte, a sa raison que la raison ignore ! Le débat de la dernière chance entre les deux finalistes le jeudi prochain obligera chacun des deux candidats à "sortir du bois" et d’étaler au grand jour la vérité de chacun. Les Français nous ont habitués à des retournements spectaculaires ! Dimanche prochain le psychodrame de la droite dégagera celui qui sera le candidat de la droite au premier tour de la présidentielle, et probablement le 8e président de la Ve République !

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