Dîner du Crif: les représentants des institutions juives veulent des « mesures concrètes »

Inquiets de la poussée des actes antisémites, les représentants des institutions juives vont demander des "mesures concrètes" à Emmanuel Macron mercredi lors du "dîner" du Crif, qui se tiendra au lendemain de rassemblements en France à l’appel de partis politiques.

Le dîner traditionnel du Conseil représentatif des institutions juives (Crif) a lieu après la révélation par le gouvernement d’une hausse de 74 % des actes antisémites en 2018, un chiffre divulgué dans la foulée de plusieurs actes antijuifs: croix gammées barrant le visage de Simone Veil, arbre à la mémoire du jeune Ilan Halimi scié…

Lors de l’acte 14 des "gilets jaunes" ce week-end, le philosophe Alain Finkielkraut a essuyé de violentes injures antisémites à Paris. Une des figures du mouvement social, Ingrid Levavasseur, a quant à elle dû être exfiltrée de la manifestation aux Champs-Elysées face à l’hostilité d’autres "gilets jaunes". Parmi les insultes proférées à son encontre, les mots "sale juive" ont été proférés.

"Nous serons intraitables vis-à-vis de ceux qui commettent de tels actes", avait déclaré Emmanuel Macron mercredi en Conseil des ministres, ajoutant que l’antisémitisme était "la négation de la République", selon des propos rapportés par le porte-parole Benjamin Griveaux.

Le chef de l’Etat ne devrait pas faire de nouvelle annonce devant le Crif, selon son entourage. Lors du dîner du Crif l’an dernier, il avait annoncé une lutte renforcée contre la haine raciste et antisémite sur internet, avec une loi pour "contraindre les opérateurs à retirer dans les meilleurs délais" les contenus haineux.

Des propositions en ce sens ont été faites à l’automne au gouvernement et un projet de loi, couplé à une mobilisation générale au sein du G7 et au niveau européen, devrait être présenté avant l’été 2019, a assuré jeudi le secrétaire d’État au Numérique Mounir Mahjoubi.

"Grande fermeté"

Pour autant, Francis Kalifat, président du Crif, demande de "sortir de l’incantation, pour mettre en place de véritables mesures". Estimant que "toutes les haines ne peuvent pas se traiter de la même façon, il réclame un plan spécifique de lutte contre l’antisémitisme". Celui-ci pourrait comprendre "des sanctions plus fortes", sur le plan pénal, pour les actes ou les discours de haine antisémites.

"La société s’est habituée à une forme de bruit de fond". "Il faut maintenant annoncer des actes", affirme le grand rabbin Haïm Korsia, qui réclame "une grande fermeté sur l’application des lois existantes".

"Si elles sont appliquées mollement, ça ne sert à rien", estime-t-il. Selon lui, "le président en a parfaitement conscience" et le plan annoncé en 2018 "montre une volonté claire du gouvernement" de se mobiliser sur le sujet.

Ariel Goldmann (Fonds social juif unifié) attend lui aussi la "déclinaison concrète" de ce plan qui propose notamment de pousser les plateformes à mettre "en quarantaine" ou retirer "en quelques heures" les contenus haineux, et à accélérer les procédures pour identifier leurs auteurs, selon M. Mahjoubi.

En attendant, beaucoup se disent satisfaits de l’appel à des rassemblements mardi à Paris et ailleurs en France.

"C’est la réponse à l’appel au sursaut national que nous avons lancé la semaine dernière", a estimé M. Kalifat, appelant "à ce qu’il ne se limite pas qu’à un rassemblement politique". "C’est un sursaut républicain", a renchéri Haim Korsia, pour qui "la question de l’antisémitisme concerne l’ensemble de la société".

Quatorze partis, dont le Parti socialiste, La République en marche, Les Républicains, rejoints depuis par LFI, ont invité les Français à se réunir mardi partout en France, notamment place de la République à Paris, pour dire "Non à l’antisémitisme". Le RN a lui dit soutenir "toutes initiatives", déplorant de ne pas avoir été associé.

Plusieurs autres organisations, comme la Licra, les syndicats étudiants Unef et Fage, les principales obédiences maçonniques, la Conférence des bâtonniers, se sont joints à cet appel.

Des rassemblements sont prévus ailleurs en France comme à Marseille, Bordeaux, Toulouse, Strasbourg, Montpellier, Rennes, Nantes, Lille…

Emmanuel Macron n’y participera pas, mais l’ancien président François Hollande, l’ex Premier ministre Bernard Cazeneuve et le patron des Républicains Laurent Wauquiez, ont annoncé leur venue.

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