Didier Deschamps, capitaine de l’équipe de France : « Ecrire une nouvelle histoire »

Vingt ans après le sacre de 1998 où il était capitaine de l’équipe de France, Didier Deschamps s’est qualifié pour la finale du Mondial-2018 aux dépens de la Belgique (1-0) pour "écrire une nouvelle histoire".

Q: Avez-vous vu des images de Paris en liesse, ça vous rappelle des souvenirs ?

R: "J’ai vu ça, on m’a montré des images. Ca rappelle de très bons souvenirs, mais c’était pour une victoire. Aujourd’hui (mardi) c’était aussi une victoire mais en demi-finale. Le plus important nous attend dimanche. On s’est offert l’immense privilège de disputer une finale de Coupe du monde. Il y a deux ans, en finale de l’Euro, c’était tellement douloureux… On va savourer, ce n’est pas rien d’être en finale de Coupe du monde après une finale d’Euro. On a le privilège de pouvoir donner du bonheur aux gens, de partager ça avec le public, le peuple français. Là, on ne s’en rend pas compte, on est ici, un peu loin, on a des messages mais c’est des bribes. On rentra après dimanche et on fera tout pour qu’il y ait encore plus de bonheur".

Q: Votre équipe peut-elle encore progresser ?

R: "J’ai une équipe très jeune, elle a une marge de progression importante. Les joueurs qui sont ici sont censés être encore plus forts dans deux, quatre ans. Aujourd’hui ils sont déjà compétitifs. On ne fait pas tout bien, mais je suis très fier d’eux, de l’état d’esprit. Au haut niveau ce n’est pas ça qui fait marquer des buts, mais avec un tel état d’esprit, on peut renverser des montagnes, c’est ce qu’on a fait jusqu’à maintenant".

Q: Ca vous rajeunit, vingt ans après ? Quelles sont vos émotions ?

R: "C’est différent, je ne suis pas dans le même rôle. Voir les visages de mes joueurs, le regard, oui, je suis content pour eux. Je ne vais pas vous cacher que je suis très content aussi, pour ma famille, mes proches. C’est la fierté d’être là, d’avoir atteint cette finale. Ca pouvait paraître présomptueux avant la compétition que certains joueurs annoncent +oui, on veut être champions du monde+. Ils se sont offert cette possibilité. Oui, on peut l’être, mais on ne l’est toujours pas".

Q: Pour être champion, il faut être pragmatique ?

R: "Oui, et réaliste. On est tombés sur une très bonne équipe, qui a eu plus la maîtrise, on lui a fait mal par moments, on aurait pu lui faire plus mal avec plus de justesse technique. Question mental, solidarité, mon équipe a encore démontré tout ce qu’elle avait de bon dans ce domaine-là".

Q: Comment jugez-vous la performance défensive ?

R: "Elle a été excellente. Le rôle d’Olivier Giroud et d’Antoine Griezmann ce (mardi) soir a été très important. On a été obligé de défendre bas, très bas par moments parce que la Belgique a de la qualité technique. La base, c’était de ne pas leur laisser d’espace, parce qu’ils ont foudroyé tout le monde, même le Brésil".

Q: Qu’avez-vous pensé de Paul Pogba ?

R: "Tous les joueurs sont à ressortir, mais c’est vrai que Paul a été monstrueux. Il a été très efficace sur le plan défensif. Martinez lui avait mis Fellaini, forcément il avait moins de liberté avec le ballon, mais il a eu très peu de déchet. Lui qui est plutôt un créatif, il a été très performant dans la récupération et le duel. Paul a pris beaucoup de poids dans l’équipe, c’est un des leaders, il assume. Ce qu’il fait sur le terrain ne peut que le rendre plus légitime dans le groupe".

Q: Vous avez un destin à part dans l’histoire du foot français…

R: "J’en ai un, chacun a le sien. Il est lié à celui des joueurs, au moins sur cette compétition. Ce n’est pas faire preuve de trop d’humilité, j’ai la responsabilité de mon équipe, mais quand ça se passe mal, c’est le sélectionneur, et quand ça se passe bien, le mérite en revient aux joueurs: je le sais, j’ai été joueur. J’ai un rôle important avec mon staff, mais ce sont les joueurs les acteurs. Ce n’est que du bonheur de les voir grandir, vite. La qualité est là. Mais voilà: ne rien lâcher, ne jamais rien lâcher".

Q: Est-ce injuste de parler sans cesse de 1998 aux joueurs ?

R: "Il faut vivre avec son temps. Moi, je ne leur parle jamais, jamais, jamais de mon histoire. Ils la savent, certains n’étaient pas nés, ont vu des images. Je suis avec eux pour écrire une nouvelle histoire, la plus belle possible. Je suis fier de ce qui s’est passé il y a vingt ans, mais le plus important est aujourd’hui et demain. Regarder dans le rétro, ouais… je ne suis pas comme ça, ce n’est pas comme ça qu’on va de l’avant. Un jour je dirai stop et je profiterai peut-être un peu, mais le moment n’est pas encore arrivé".

Propos recueillis en conférence de presse

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