Démission de Bouteflika : « On a gagné la bataille, reste à gagner la guerre »

Les Algérois ont fait part de leur joie mais aussi de leur détermination à continuer de manifester malgré la démission d’Abdelaziz Bouteflika.

De véritables scènes de liesse populaire. Un millier d’Algérois sont descendus dans les rues d’Alger, mardi 2 avril dans la soirée, pour célébrer la démission, après 20 ans à la tête de l’État, du président Abdelaziz Bouteflika, dont ils réclamaient depuis plus d’un mois le départ, ainsi que celui du « système au pouvoir ». Souvent joyeux, parfois émus, quelquefois méfiants, tous déterminés, ceux interrogés par l’Agence France-Presse (AFP) se donnent rendez-vous pour un 7e vendredi consécutif de manifestation, pour faire chuter « tout le système ». Recueil de réactions mardi soir entre le parvis de la Grande Poste et la place Maurice-Audin, au cœur d’Alger.

« Il est venu par la grande porte, il sort par la fenêtre parce qu’il n’a pas su partir. L’Histoire retiendra que le peuple l’a chassé. Reste à chasser sa bande », lance Fatma Mohamedi, 44 ans, assistante de direction, drapeau algérien sur les épaules. Même constat pour Amal, 35 ans, selon qui le plus dur reste à faire : « Bouteflika est parti, mais c’est loin d’être fini. » Drapée de l’emblème algérien par-dessus un tee-shirt blanc où est écrit « je suis contre le système », cette mère de famille souhaite que sa fille « se rappelle ce jour historique ».

« Le départ de Bouteflika ne suffit plus, on veut qu’ils partent tous »

Samia Hamdid « n’aurai[t] raté ça pour rien au monde ». « J’ai enfilé mon survêtement sur mon pyjama et ramassé mon drapeau […] Vendredi, on va marcher plus tôt et plus longtemps, pour qu’ils comprennent. On a gagné la bataille, reste à gagner la guerre », lâche cette quadragénaire venue en famille, emblème national à la main. « Le départ de Bouteflika ne suffit plus, on veut qu’ils partent tous, on veut notre liberté pleine et entière. On marchera aussi longtemps que nécessaire », renchérit Hamid Boumaza, ingénieur de 44 ans, drapeau algérien autour du cou, une petite fille sur les épaules.

« Maintenant, le match c’est le peuple et l’armée contre les voleurs. Puis le peuple prendra le pouvoir à travers des personnes intègres et l’armée retournera dans les casernes », suppute de son côté Hassan Fernane, 64 ans, retraité de l’éducation. Chez certains, la joie de vivre ce moment historique domine : « Dieu merci, j’ai assisté à ça. Je peux mourir tranquille. Bouteflika a fait fuir la jeunesse de ce pays en lui enlevant l’espoir », se réjouit Brahim Hadj Mohamed, 77 ans, veste noire sur une gandoura (tunique nord-africaine) grise, appuyé sur une canne, les larmes aux yeux.

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