DSK se cherche une défense

Le procureur a lancé la formation du grand jury devant lequel comparaîtra le président du FMI vendredi. Les avocats de la victime présumée évoquent un «traumatisme extraordinaire».

DSK se cherche une défense
Au lendemain de l’audience choc de Dominique Strauss-Kahn à New York, durant laquelle la juge lui a refusé sa libération sous caution, le procureur du comté de New York, Cyrus Vance Jr., n’a pas perdu de temps. Selon des informations obtenues par Libération, il a ainsi lancé dès hier la procédure de sélection d’un grand jury qui doit décider ou pas de l’inculpation formelle du patron du FMI. Si cette chambre d’accusation de seize à vingt-trois personnes se prononce en faveur de l’inculpation, Dominique Strauss-Kahn se retrouvera, lors de son audience prévue vendredi, en face d’un juge de la Cour suprême de New York, qui aura ensuite pour tâche de fixer la date d’un éventuel procès dans les mois à venir.

A l’évidence, les procureurs new-yorkais veulent tirer partie d’une audience préliminaire qui s’est avérée calamiteuse pour le directeur du FMI, arrêté samedi après avoir été accusé d’agression sexuelle par une femme de chambre de l’hôtel Sofitel de Manhattan. L’incarcération ordonnée lundi par la juge Melissa Jackson a surpris beaucoup d’avocats new-yorkais.

«Honnêtement, j’aurais pensé qu’il serait remis en liberté, commente ainsi Bradley Simon, un avocat spécialisé dans le droit criminel. Mais l’accusation a été très agressive et a su convaincre la magistrate que Strauss-Kahn représentait un "risque de fuite", du fait notamment qu’il n’existe pas de traité d’extradition entre la France et les Etats-Unis. Les procureurs estiment apparemment également qu’ils peuvent appuyer une grande partie de leur dossier sur les éléments médicaux légaux.» Dominique Strauss-Kahn a donc passé sa première nuit en cellule, hier, dans la sinistre prison de Rikers Island (lire page 3), une île située entre le Queens et le Bronx, alors que ses avocats américains, William Taylor et Benjamin Brafman, doivent décider de leur stratégie pour les jours à venir.

Lundi, lors de l’audience, Brafman avait estimé que «les preuves [présentées par le procureur, ndlr] n’étaient pas en accord avec l’emploi de la force». Et hier, le New York Post, citant «une source proche de la défense», estimait que les avocats pourraient tenter d’essayer de montrer que la présumée victime était consentante. Ce que n’a pas confirmé le bureau de Benjamin Brafman. Dans l’immédiat, la défense de l’ancien ministre socialiste devrait se concentrer sur une nouvelle demande de mise en liberté sous caution, qui pourrait être faite vendredi ou même avant. Mais hier, un nouveau témoignage est venu compliquer sa tâche.

Dans un entretien donné au journal britannique The Daily Mail, le frère de la femme de chambre qui a accusé Dominique Strauss-Kahn a expliqué que sa sœur l’avait joint samedi après-midi pour lui dire «qu’un homme venait de lui faire quelque chose de très mal et qu’elle avait été attaquée». Interrogé également par Libération, ce dernier a confirmé ses déclarations. «Elle m’a appelé de l’hôpital samedi pour me dire ce qui lui était arrivé. Elle était en pleurs», nous a-t-il assuré, avant de refuser d’en dire davantage. Selon la police, la jeune femme de chambre âgée de 32 ans ne savait pas qui était Dominique Strauss-Kahn quand elle était entrée dans la suite 2806 du Sofitel. Son avocat a affirmé hier soir sur CNN qu’elle vivait un traumatisme «extraordinaire».

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