Crise au Sarkozistan: L’incroyable succès d’un pamphlet

Tout le monde peut se tromper", sourit Daniel Schneidermann, interrogé par leJDD.fr. Lui qui disait, sur le site d’ Arrêt sur Images , ne pas compter sur "la bienveillance des médias traditionnels" pour assurer la promotion de son livre… Une dépêche annonçant l’extraordinaire succès en ligne de Crise au Sarkozistan a été prestement suivie ensuite par d’autres médias. "Il faut attendre qu’on en vende 15.000 pour que Pierre Assouline s’y intéresse, sur son blog, suivi par l’AFP", nuance Daniel Schneidermann, toujours prompt à la critique.

"J’aime bien l’idée qu’on vende un livre sans passer par Ruquier et Denisot", ajoute-t-il fièrement. Mais si Crise au Sarkozistan n’est pas passé par les circuits traditionnels de promotion, son auteur n’hésite pas à le vanter en ligne, sur les réseaux sociaux et sur le site d’Arrêt sur images, à grands coups d’émissions spéciales et de posts sur la genèse du livre.

Pour un pamphlet anti-système et contre les médias "établis", décrits comme inféodés au pouvoir, Daniel Schneidermann a choisi l’Internet. Question de cohérence, peut-être, mais surtout pour des raisons pratiques. "Il a eu envie de le publier à la mi-octobre, mais il voulait qu’il sorte avant Noël. Des délais impossibles pour des éditeurs classiques", raconte Jean-Marc Savoye, fondateur du Publieur.com. Un site, fondé en 2001, qui publie, donc, l’ouvrage de Schneidermann. Crise au Sarkozistan est sorti le 1er décembre. Et depuis, le succès est incontestable. "Chaque éditeur a un succès qui a changé l’ampleur de son activité. Pour Le Publieur, c’est celui-ci", s’enthousiasme Jean-Marc Savoye.

La France, "petit Etat voyou"

Il faut dire que dans ce récit, tous les ingrédients du succès sont réunis: en 14 chapitres, il est raconté le séjour en France d’un "Candide", qui dénonce, technique de l’œil neuf à l’appui, le système politico-médiatique. La France, jamais nommée, est d’ailleurs appelée "petit Etat voyou", et décrite comme une république bananière.

Schneidermann revient sur ses thèmes favoris: la critique de la couverture médiatique de l’actualité, et celle du pouvoir en place. Par exemple, à propos de Viviane Reding, cette commissaire européenne qui avait comparé la politique française à l’égard des
Roms à l’Occupation: "Comme il est doux de voir une bureaucrate étrangère administrer au leader la raclée que la presse brûle de lui infliger, sans jamais l’oser à visage découvert". Très bien écrit, le pamphlet risque, en devenant un best-seller, de perdre son côté alternatif. Et de devenir ce qu’il reproche au Petit journal de Canal Plus, "une marge de manœuvre" qui servirait à protéger " la caste contestée des journalistes vedettes, inféodés au régime".

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