Contre Manuel Valls, tenté par Barcelone, Farida Amrani lance une pétition

En quête de rebond politique, l’ancien Premier ministre français Manuel Valls devrait annoncer mardi sa candidature à la mairie de Barcelone, un pari risqué pour le député de 56 ans. Son ex-adversaire Farida Amrani alnce une pétition pour exiger la démission du « député fantôme ».

"L’ex-Premier ministre de la République française Manuel Valls annoncera le 25 septembre quelle sera sa position par rapport aux élections municipales qui auront lieu à Barcelone en mai 2019", indique un communiqué transmis vendredi par son entourage, après un tweet énigmatique de M. Valls montrant une photo de ses pieds sous l’inscription "Barcelona…".

L’annonce est prévue mardi à 19H00 (17H00 GMT) au Centre de culture contemporaine de Barcelone.

Manuel Valls, qui a apporté son soutien à Emmanuel Macron après avoir échoué à la primaire socialiste de 2017, avait indiqué dès le mois d’avril qu’il envisageait d’être candidat à la mairie de la métropole catalane, après avoir été selon ses proches sollicité par le parti de centre-droit Ciudadanos.

Plusieurs d’entre eux ont confirmé à l’AFP son intention de se présenter.

"Il m’en a parlé. Il m’a dit que c’était un choix de vie. Il en est heureux. Il est engagé dans cette candidature, il s’y prépare, il y travaille", a dit Aquilino Morelle, ami de l’ancien Premier ministre socialiste et ancien conseiller du président François Hollande.

"Ce challenge, je pense qu’il va le relever. S’il réussit, cela montrera que l’Europe fait sens aujourd’hui", a confirmé Sébastien Gros, un autre ami de l’ancien maire d’Evry (Essonne).

Impliqué contre le séparatisme

Né à Barcelone en 1962 d’un père catalan et d’une mère suisse italienne, Manuel Valls a grandi à Paris et a été naturalisé français à vingt ans.

Mais l’ancien Premier ministre français (2014-2016), fervent supporter du Barça, aime rappeler ses racines catalanes et s’est impliqué pleinement depuis l’an dernier dans le débat en Catalogne pour y dénoncer le séparatisme.

Barcelone doit "parler avec le monde" et ne pas s’enfermer dans le "nationalisme", disait-il encore début septembre à Barcelone, où il a multiplié récemment les apparitions et où il donne des cours au sein de la prestigieuse école de commerce ESADE.

Manuel Valls, qui commence à constituer son équipe de campagne, s’est déjà entouré, selon ses proches, de l’éminent consultant politique Xavier Roig, ancien bras droit du maire socialiste de Barcelone Pasqual Maragall.

Mais en se lançant à l’assaut de la mairie de sa ville natale face à l’actuelle maire de gauche Ada Colau, Manuel Valls, qui souhaite mener une candidature allant au-delà d’un seul parti, tente un pari risqué.

Cela ne sera "pas facile", souligne Oriol Bartomeus, professeur de sciences politiques à l’Université autonome de Barcelone. "C’est un candidat qui va beaucoup diviser. Il y a des gens qui le voient d’un bon oeil et d’autres qui le haïssent".

"Il ne va pas à une élection facile, c’est un vrai combat politique. Il a envie de prendre un risque", abonde Aquilino Morelle.

Mais "il a sa chance", juge Oriol Bartomeus, car il peut profiter de l’absence d’un "candidat traditionnel des classes aisées barcelonaises", dont "l’électorat de centre-droit est orphelin".

La presse espagnole s’est fait l’écho ces dernières semaines d’une relation amoureuse présumée entre l’ancien Premier ministre et Susana Gallardo, riche héritière d’un laboratoire pharmaceutique. "Ce sont des gens (Gallardo et sa famille, ndlr) très bien connectés avec l’élite économique de Barcelone et qui peuvent lui ouvrir des portes", souligne Oriol Bartomeus.

Appels à la démission en France

En France, la probable candidature de Manuel Valls a entraîné des appels à la démission alors que selon l’association Regards citoyens, il n’a pas été vu à l’assemblée depuis début juillet.

Candidate de la France Insoumise lors des élections législatives de 2017, Farida Amrani a lancé une pétition pour réclamer sa démission, arguant que "l’Essonne, ce n’est pas Barcelone."

Mme Amrani avait récolté 48,34% des voix au second tour des législatives de juin, contre 51,66% pour Manuel Valls. L’écart de voix très faible avait poussé la candidate Insoumise a déposé plainte pour "fraude électorale" contre son adversaire, avant que l’affaire soit classée sans suite par le parquet d’Evry.

Les soupçons de tricherie portaient sur des anomalies qui auraient été constatées sur les signatures de certains électeurs, au second tour du scrutin. Selon le texte de la plainte rédigée par l’avocat de la candidate, Me Tourniquet, "des différences très sensibles de signatures entre les premier et second tours" sont observables pour "un nombre important d’électeurs", indiquait BuzzFeed.

Certaines listes porteraient également "des signatures "doubles"" se caractérisant par la présence d’une première signature au crayon à papier, recouverte d’une signature à l’encre, ajoutait le site. Selon l’équipe de la candidate de La France insoumise, 141 signatures seraient douteuses. Il faut préciser qu’elle a perdu de 139 voix face à l’ex-Premier ministre. La liste des noms dont les signatures font peser un doute sur la légalité du scrutin a été jointe à la plainte, affirmait BuzzFeed.

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