Confrontation juridique internationale entre les Emirats et le Qatar

Abu Dhabi a appelé Doha, jeudi devant la Cour internationale de Justice (CIJ), à cesser "de soutenir des groupes et des individus terroristes" et a fermement réfuté les accusations du Qatar sur des violations supposées des droits de l’homme à l’encontre de citoyens qataris.

Le Qatar a accusé pour sa part mercredi les Emirats d’entretenir "un environnement de haine" à l’encontre des citoyens qataris, devant cette Cour, qui traite les différends entre les Etats.

Les Emirats ont répliqué, par la voix de l’ambassadeur aux Pays-Bas, Saeed Alnowais, en accusant le Qatar de "soutenir le terrorisme, de s’ingérer dans les affaires (intérieures) de ses voisins et de diffuser un langage de haine". "Notre gouvernement a demandé à de multiples reprises au Qatar de revoir cette attitude. Bien que le Qatar se soit engagé à plusieurs reprises à le faire, il n’a pas rempli ses engagements", a poursuivi le diplomate devant la CIJ.

Cette passe d’armes intervient une an après la coupure par l’Arabie, les Emirats, Bahrein et l’Egypte de tous leurs liens avec Doha, accusant le Qatar de soutenir le terrorisme et l’Iran. Des accusations rejetées par le Qatar.

Selon les avocats de la partie qatarie, Abou Dhabi a introduit "une série de larges mesures discriminatoires" à l’encontre de ressortissants du Qatar, par le biais d’expulsions, en bloquant l’accès aux services de santé ou en lançant des procédures judiciaires à l’encontre de toute déclaration de soutien au Qatar.

Doha accuse également les Emirats de fermer ses médias et notamment Al Jazeera.

Le représentant des Emirats a répondu que son pays "rejette totalement ces accusations" dénuées de fondement, selon lui. "Le Qatar n’a pas fourni de preuve crédible susceptible d’étayer une quelconque de ces accusations", a poursuivi le diplomate.

Les efforts diplomatiques n’ont pu apaiser jusqu’ici les tensions entre le Qatar et ses voisins, qui mettent à mal le Conseil de coopération du Golfe. Doha considère les critiques à son encontre comme une atteinte contre sa souveraineté et une sanction contre une politique étrangère indépendante.

La seule frontière terrestre de la petite nation péninsulaire avait subitement été fermée, sa compagnie aérienne publique interdite d’emprunter l’espace aérien des pays voisins, et ses citoyens expulsés de ces mêmes pays.

En retour, les EAU, l’Arabie saoudite, Bahreïn et l’Égypte vont eux aussi déposer plainte devant la CIJ, ont-ils annoncé mercredi selon des médias officiels.

Ils reprochent au Qatar une violation de leur espace aérien, menaçant le trafic de l’aviation civile.

Des responsables émiratis ont accusé le Qatar d’envoyer des avions de chasse pour intercepter des vols commerciaux et un hélicoptère civil émiratis dans l’espace aérien bahreïni, ce que Doha a démenti.

Le différend a remis en cause l’existence même du Conseil de coopération du Golfe (CCG) qui regroupe depuis 1981 les six pétromonarchies arabes de la région.

Les Émirats ont estimé que la balle était dans le camp du Qatar "s’il (veut) vraiment sortir de son isolement".

Les adversaires du Qatar lui ont remis une liste de 13 demandes, dont la fermeture de la chaîne satellitaire Al-Jazeera, le retrait des troupes turques de son territoire et la réduction de sa coopération avec l’Iran, avec lequel il partage le plus grand champ gazier au monde. Doha les a toutes rejetées.

La CIJ, principal organe judiciaire de l’ONU, siège à La Haye et juge les différends entre Etats mais ne dispose pas de moyens coercitifs pour faire appliquer ses décisions.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite