Cinq choses à savoir sur la présidentielle en Tunisie

Sur les 98 candidatures déposées, 26 ont été validées par l’instance indépendantes des élections — soit quasiment le même nombre qu’en 2014.

Parmi les candidats, trois ont été Premiers ministres, dont l’actuel chef du gouvernement Youssef Chahed.

Huit, dont M. Chahed, ont été membres ou proches du parti victorieux en 2014, Nidaa Tounes. Cette formation hétéroclite rassemblée sous une étiquette anti-islamiste a été décimée depuis par des luttes de pouvoir et ne présente pas de candidat, se contentant de soutenir le ministre de la Défense Abdelkarim Zbidi.

Deux femmes sont en lice, une avocate anti-islamiste, Abir Moussi, et une ancienne ministre, Salma Elloumi.

Le parti d’inspiration islamiste Ennahdha brigue pour la première fois la magistrature suprême, avec la candidature d’une de ses figures les moins clivantes, Abdelfattah Mourou, président par intérim du Parlement, un partisan de l’ouverture du mouvement.

Qui a une chance de gagner?

Tous les jeux sont ouverts, tant l’incertitude règne à quelques jours du scrutin.

L’instance supérieure indépendante a interdit la publication de sondages, mais selon les études qui circulent, le favori serait le magnat controversé des médias Nabil Karoui, qui est en prison depuis le 23 août.

Sous le coup d’une enquête pour blanchiment d’argent après une plainte déposée en 2016, il a été arrêté à l’approche de la campagne, ce qui a poussé beaucoup d’observateurs à dénoncer une instrumentalisation de la justice.

Derrière, plusieurs candidats semblent au coude à coude, dont MM. Chahed, Zbidi ou Mourou. Mme Moussi, ainsi qu’un universitaire conservateur, néophyte en politique et dépourvu d’appui partisan, Kaïs Saied, pourraient créer la surprise.

Mais les électeurs sont très indécis, ce qui rend toute prédiction périlleuse.

Qui vote?

Il s’agira de la deuxième élection présidentielle au suffrage universel depuis la révolution de 2011.

Sur les 8,9 millions de Tunisiens en âge de voter, plus de 7 millions sont inscrits sur les listes électorales. C’est un record atteint grâce à une énergique campagne de l’instance chargée d’organiser les élections, l’Isie, qui a inscrit 1,5 million de nouveaux électeurs, notamment des femmes et des jeunes.

Mais l’abstention, qui se situait à 35% pour le premier tour de la présidentielle en 2014, a été forte lors des derniers scrutins, frôlant les 65% lors des municipales mi-2018.

Quand saura-t-on le nom du prochain président?

L’élection présidentielle, initialement prévue le 17 novembre, a été avancée au 15 septembre en raison du décès du président Béji Caïd Essebsi, le 25 juillet.

La Constitution donne 90 jours à l’ex-président de l’Assemblée devenu président par intérim, Mohammed Ennaceur, pour organiser le scrutin. Afin d’achever le processus électoral à temps, une loi votée durant l’été a réduit les délais de recours des candidats.

La date du second tour ne sera connue qu’après le 1er tour, mais il aura lieu un dimanche avant le 25 octobre –selon l’Isie, il pourrait s’agir du 6 octobre, jour des législatives, du 13 octobre ou du 20 octobre.

Les résultats seront connus dans les jours suivants, et la passation de pouvoir devrait avoir lieu les semaines suivantes.

Qu’est-ce que ça peut changer?

La Tunisie est un régime parlementaire mixte et, en théorie, les prérogatives du président sont limitées, essentiellement aux domaines de la défense et la diplomatie, même s’il est garant de la Constitution et peut soumettre des projets de loi au Parlement.

Mais le président Essebsi est à plusieurs reprises allé au-delà, et appelé de ses voeux un renforcement des prérogatives présidentielles. Plusieurs candidats y sont favorables, bien que la Tunisie ait vécu des décennies durant les dérives d’un régime présidentiel sans contre-pouvoir.

Le résultat du 1er tour de la présidentielle aura vraisemblablement des répercussions sur celui des législatives, qui dessineront le nouveau paysage politique tunisien. Mais il est impossible de déterminer à ce jour si les électeurs décideront d’amplifier ou de corriger le vote du 15 septembre.

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