Ces Espagnols qui fuient la crise pour une nouvelle vie au Maroc

Pour de plus en plus d’Espagnols, le Maroc est devenu le nouvel Eldorado. Poussés par la crise, ils sont nombreux à émigrer vers le pays voisin. En cinq ans, le nombre d’Espagnols résidants au Maroc a été multiplié par quatre : ils sont des milliers, en majorité des jeunes, venus chercher un travail. Car là-bas, malgré des salaires moindre, les espagnols vivent mieux, même s’ils doivent souvent se contenter de faire des petits boulots.

« La crise a transformé les flux migratoires. On voit toujours des Marocains tenter leur chance en Europe, mais ils préfèrent l’Allemagne. Les Espagnols, eux, migrent en nombre. Un de leur point de chute de prédilection est le Maroc. Et la majorité échoue à Tanger, qui n’est qu’à 14 km de leur pays », explique Charlotte Rooijendijk, chercheur hollandaise. La jeune femme est établie à Tanger depuis deux mois. L’après-midi, elle improvise ses bureaux dans le bar de l’hôtel Rembrandt, à deux pas du consulat espagnol. La table croule sous ses notes. « D’après les chiffres officiels, on est passé de 4 700 nouveaux Espagnols enregistrés au Maroc en 2005 à 9 042 en 2011 », énumère-t-elle. « Mais ces données sont loin de désigner la réalité », concède-t-elle.

Rares sont les Espagnols qui s’inscrivent dans leur consulat. Ils n’ont pas besoin de visa pour le Maroc. Et il leur suffit de fouler le territoire européen, même une enclave comme Ceuta, pour remettre les compteurs à zéro. D’après Charlotte Rooijendijk, « ils seraient des dizaines de milliers à vivre ainsi ». Préférer vivre au Maroc quand on est espagnol semble paradoxal. L’économie marocaine accuse un PIB six fois inférieur à celui de l’Espagne. Mais grâce au taux de change de 10 dirhams pour 1 euro, les Espagnols qui travaillent pour des entreprises européennes au Maroc, ou qui arrivent avec des économies, vivent comme des rois. A la nuit tombée, un groupe d’expatriés se retrouve dans les bars de l’avenue Mohamed V pour suivre un match de foot. Ce soir, l’Atletico Madrid affronte le Real en finale de la Copadel Rey. Le patron du Number One distribue les « cervesas » et offre des tapas jusqu’à la fermeture. On se croirait à Madrid. Le lendemain, les expatriés déjeunent chez Juan Carlos. Le restaurateur vient d’ouvrir le Diblue Tanger, face à la future Marina. Depuis sa terrasse, les migrants nostalgiques contemplent l’horizon. Et l’Espagne qu’ils ont quittée. •

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