Ce que le Qatar vient chercher en France

Hôtellerie, immobilier, industrie… L’émirat du Golfe continue d’investir en France plus qu’ailleurs. Une relation qui va au-delà des simples intérêts économiques. Explications.

L’hôtel du Louvre et le Concorde Opéra à Paris, le Palais de la Méditerranée et le Martinez sur la Côte d’Azur et, selon nos informations, l’immeuble du « Figaro » au cœur de la capitale… En quelques jours, les acquisitions du Qatar dans l’hôtellerie de luxe ou l’immobilier français s’estiment en centaines de millions d’euros.

Après l’entrée au capital de plusieurs stars du CAC40 (comme Lagardère ou Total) et le rachat très médiatisé du PSG, l’intérêt du petit émirat — pas plus grand que la Corse — pour la France ne se dément pas. Certes, notre pays ne jouit d’aucune exclusivité. Volkswagen ou Porsche en Allemagne, General Motors aux Etats-Unis, Harrods, l’enseigne londonienne, ont aussi profité de la manne qatarienne.

Paris, un allié stratégique

Mais la France apparaît nettement comme une terre de prédilection. « Pour le Qatar, la France offre un climat économique plus serein que, notamment, le marché britannique », explique le responsable d’un grand groupe industriel français.

Un climat économique ? Ce serait réduire à une poignée d’intérêts les liens historiques qui unissent Paris et Doha. Et ceux qui incarnent le Qatar, la toute puissante famille Al-Thani. L’influence financière de l’émirat du Golfe doit d’ailleurs être relativisée puisque sa fortune — 210 Mds$ (165 Mds€) — ne représente que le dixième de celle d’Abu Dhabi. L’« exception française » trouve ses racines ailleurs. En près de vingt ans, la France est devenue le principal fournisseur d’armes du Qatar, une position stratégique à l’égard d’un pays qui se sent menacé en permanence par l’Iran et l’Arabie saoudite. En outre, sa richesse bâtie sur le gaz, véritable « or bleu » pour le pays, n’a pu prospérer que grâce à l’aide de la compagnie française Total.

Le Qatar est donc tout autant redevable que nécessaire à Paris. Les gouvernements, de droite comme de gauche, ne l’ignorent pas. Et n’hésitent pas à impliquer l’émirat dans des domaines aussi sensibles que les banlieues et bientôt les PME. Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, et François Hollande, le président de la République, ont, quelques semaines à peine après leur entrée en fonction, tenu à rencontrer les hauts dignitaires de l’émirat. Tout un symbole.

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