Catalogne: le séparatiste Puigdemont évoque une « médiation », Madrid dément

Le président séparatiste catalan Carles Puigdemont a retardé mardi une allocution devant le Parlement régional, où il pourrait déclarer l’indépendance unilatérale de la Catalogne, en raison de contacts en vue "d’une médiation" internationale, une assertion aussitôt démentie par le gouvernement espagnol.

Le numéro deux du gouvernement espagnol a souligné mardi que l’Espagne vivait l’un de ses "moments les plus difficiles", au cours d’une séance houleuse au Sénat .

S’exprimant juste avant une possible déclaration unilatérale d’indépendance du président séparatiste de cette région Carles Puigdemont, la vice-présidente du gouvernement, la conservatrice Soraya Saenz de Santamaria, a par ailleurs écarté toute médiation internationale, telle que souhaitée par M. Puigdemont, pour sortir de l’impasse dans laquelle se trouvent Madrid et le gouvernement catalan.

"Il n’y a pas de place pour la médiation entre la légalité et l’illégalité, entre la loi et la désobéissance, entre la démocratie et la tyrannie", s’est-elle exclamée, jugeant que le royaume, plongé sa plus grave crise depuis le rétablissement il y a quarante ans de la démocratie, connaît "l’un des moments les plus importants et les plus difficiles".

Le gouvernement espagnol juge nul et non avenu le "référendum" d’indépendance, interdit par la justice, qu’ont organisé les dirigeants catalans le 1er octobre et qui s’est soldé, selon eux, par une victoire du "oui" à plus de 90% avec 43% de participation.

Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy a prévenu qu’en cas de déclaration unilatérale d’indépendance, quelle qu’elle soit, l’Etat riposterait. Il a à sa disposition plusieurs instruments, allant d’un pré-état d’urgence à la suspension de l’autonomie, une mesure qui n’a pas été appliquée dans cette monarchie parlementaire extrêmement décentralisée depuis 1977 et le retour à la démocratie.

Le FMI préoccupé

Le Fonds Monétaire internationale (FMI) a exprimé mardi sa préoccupation face à la situation d’incertitude générée par la crise politique en Catalogne, mettant en garde contre ses répercussions économiques qui pourraient être ressenties dans d’autres pays européens.

"La situation en Espagne est très préoccupante", a indiqué Maurice Obstfeld, économiste en chef du FMI, ajoutant que la crise ouverte en Catalogne "provoque une grande incertitude".

M. Obstfeld, dont les propos sont rapportés par les médias espagnols, a appelé les parties impliquées dans cette crise "à ne pas agir de manière précipitée" et à entamer des négociations qui seraient bénéfiques.

Interrogé sur les risques potentiels de cette crise sur des pays voisins, M. Obstfeld a souligné qu’un effet contagion est possible dans d’autres pays européens.

Plusieurs entreprises ont décidé de transférer leurs sièges sociaux hors de la Catalogne vers d’autres régions en Espagne, en raison de l’instabilité générée par le défi indépendantiste en Catalogne, région où un référendum sur l’autodétermination de cette région a été organisé le 1er octobre par la Generalitat, en dépit de son interdiction par la justice.

Le groupe de messagerie MRW et le promoteur immobilier Colonial sont parmi les dernières entreprises à avoir décidé lundi de transférer leurs sièges sociaux de Barcelone respectivement vers Valence et Madrid.

Elles emboitent le pas ainsi notamment à la société de gestion de l’eau SGAB, qui a décidé samedi de déménager de Barcelone vers Madrid, ainsi qu’à Gas Natural Fenosa qui a pris la même vendredi décision, quoiqu’elle a tenu à préciser que cela pourrait être une mesure temporaire en raison de la situation politique incertaine que connaît la Catalogne.

Les banques ne sont pas en reste, comme Banco Mediolanum qui a décidé de transférer son siège social à Madrid, Arqui coopérative à Valence, Caixabank à Valence et Banco Sabadell à Alicante. Fundacion La Caixa et Criteria ont également annoncé qu’ils quittent la Catalogne pour Palma de Majorque, dans les îles Baléares.

D’autres entreprises ont pris la même décision de quitter la Catalogne comme Oryzon Genomics, Eurona, Proclinic, Arquia Banca, Service Point ou Dogi.

Le gouvernement espagnol a promulgué vendredi un décret qui rend plus facile pour les entreprises de quitter la Catalogne et de transférer leurs sièges sociaux à d’autres régions en Espagne, car la décision n’aura plus besoin d’être adoptée par l’assemblée générale des actionnaires, à moins que les statuts de la société ne prévoient le contraire.

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