Carlos Ghosn présente la feuille de route de Renault à cinq ans

Voiture électrique, expansion mondiale et objectifs financiers: le PDG de Renault, Carlos Ghosn, présente vendredi la feuille de route de l’emblématique constructeur automobile français à l’horizon 2022.

Le groupe au losange, qui fêtera l’année prochaine ses 120 ans, ne s’est jamais aussi bien porté, ayant dégagé en 2016 un bénéfice net "record" de 3,54 milliards d’euros.

Il doit en partie cette santé à l’alliance qu’il forme avec Nissan et, depuis un an, avec Mitsubishi. L’entité a revendiqué la première place mondiale en termes de volumes au premier semestre.

L’alliance s’est targuée d’avoir réalisé cinq milliards d’euros d’économies d’échelle en 2016, l’objectif étant de les doubler d’ici à 2022. À cette même échéance, elle veut vendre 14 millions d’unités, soit une hausse de 40 % par rapport à 2016.

Pour Renault, qui a écoulé 3,18 millions de véhicules l’année dernière, M. Ghosn a déjà donné les grandes lignes de ses ambitions à cinq ans: 70 milliards d’euros de chiffre d’affaires contre 51,2 milliards en 2016; une marge opérationnelle de 7 % (6,4 % l’année dernière); et un flux de trésorerie disponible "positif chaque année".

Lors d’une conférence de presse vendredi matin à La Défense, quartier d’affaires à l’ouest de Paris, M. Ghosn devrait davantage entrer dans les détails d’un plan qui concerne les cinq marques (Renault, Dacia, Samsung Motors, Alpine et Lada) d’un groupe présent dans 127 pays.

Parmi les défis auxquels il devra répondre figurent le gonflement des budgets de recherche et développement pour poursuivre l’électrification des automobiles, sur fond de normes environnementales de plus en plus dures, et le développement des voitures autonomes.

Se pose aussi la question de la couverture géographique, alors que Renault dépend encore de l’Europe, où il a réalisé 56,7 % de ses ventes en 2016.

Mais l’entreprise se développe en Chine, en Inde et en Iran. Elle espère capitaliser sur le rebond attendu des marchés brésilien et russe, sur lesquels elle a beaucoup investi.

Les observateurs du secteur écouteront aussi attentivement les éventuelles annonces de M. Ghosn en matière de véhicules "low-cost", vendus sous la marque Dacia en Europe occidentale. Très rentables, ils représentaient 42 % des volumes du groupe en 2016.

Vigilance des syndicats

Autres questions ouvertes: le devenir de M. Ghosn, 63 ans, dont le mandat court jusqu’à l’assemblée générale de 2018, et l’éventuelle cession par l’État français d’une partie de sa participation de 19,7 % au capital.

Jeudi, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a concédé que l’État éprouvait des difficultés pour revendre les 4,7 % du capital acquis en 2015, en raison du cours en Bourse du groupe, en dents de scie.

Le titre Renault a souffert, comme ceux d’autres constructeurs automobiles, de l’affaire du "dieselgate" qui vaut à la société cornaquée par M. Ghosn d’être visée par une information judiciaire pour "tromperie" en France.

Voulue par Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie, la montée de l’État au capital de Renault pour imposer l’application d’une loi anti-spéculateurs avait froissé Nissan, lié à Renault par des participations croisées.

L’opération était également symbolique, s’agissant d’une entreprise anciennement nationalisée et toujours l’un des principaux employeurs français, avec un effectif de 31.476 personnes fin 2016 dans ses usines, centres de recherche et siège, hors réseau commercial.

Si le plan stratégique prévoit de relever à court terme le volume des véhicules produits dans les usines Renault, l’équilibre de l’accord triennal sur l’emploi et la flexibilité en cours devrait être "questionné" car il avait été négocié dans l’hypothèse "d’une stabilité des volumes entre 2016 et 2019", souligne Bruno Azière (CFE-CGC, 1er syndicat).

Cet accord fixe l’objectif de 3.600 embauches en CDI et la réduction de moitié du nombre d’intérimaires (-4.500).

En termes d’emploi, "il y a toute une partie d’équilibriste qu’il va falloir clarifier", sinon la situation "n’ira pas dans le sens de l’amélioration des conditions de travail dans les usines, qui sont déjà en tension", estime Franck Daoût (CFDT, 3e syndicat).

La CGT (2e syndicat) demande aussi que le groupe aille "au-delà" des embauches prévues en CDI, qui selon ce syndicat ne permettent déjà pas de compenser les départs naturels prévus.

Avec AFP

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