Brexit : le cabinet de May s’inquiète de « complots » parlementaires

Les services de la Première ministre britannique ont jugé dimanche « extrêmement inquiétants » les projets d’amendements parlementaires pour lui retirer la conduite du Brexit, qualifiés de « complots » par la presse britannique.

Un groupe "de plus de 20 comploteurs" mené par le député conservateur rebelle Dominic Grieve veut suspendre l’article 50 du Traité de l’UE et ainsi mettre sur pause le processus de sortie de l’UE, affirme le Sunday Times.

Un autre groupe transpartisan de députés souhaite déposer un texte visant à forcer la cheffe du gouvernement à retarder la sortie de l’UE, prévue le 29 mars prochain, si un accord n’est pas trouvé d’ici fin février. "Si le gouvernement ne parvient pas à un accord (…) nous devons suspendre l’article 50 pour une période donnée afin de pouvoir forger un consensus et nous préparer davantage à la sortie", a expliqué à Skynews la députée conservatrice Nicky Morgan, réfutant tout "coup" contre le Brexit.

"Les députés qui font leur travail ne sont pas des conspirateurs", a aussi protesté le député Hilary Benn, qui dirige le comité chargé du Brexit à la Chambre des Communes. "Ils essaient de trouver une solution à la pagaille créée par la Première ministre".

"Le peuple britannique a voté pour quitter l’Union européenne et il est primordial que les élus politiques respectent ce verdict", a dit une porte-parole de Downing Street.

"Toute tentative visant à retirer le pouvoir du gouvernement à remplir les conditions légales d’une sortie ordonnée en ce moment historique est extrêmement inquiétante", a-t-elle ajouté.

La Première ministre s’entretiendra par téléphone dimanche avec ses ministres, très divisés entre ceux qui défendent une séparation douce avec l’UE et ceux prêts à une rupture brutale.

Lundi, elle précisera aux députés comment elle compte sortir de l’impasse, après le rejet massif le 15 janvier par les parlementaires de l’accord qu’elle avait conclu avec Bruxelles fin 2018.

Selon le Sunday Times, la cheffe du gouvernement veut proposer un traité bilatéral à l’Irlande, qui enlèverait du Traité de Retrait la solution très critiquée du "filet de sécurité" tout en empêchant par d’autres moyens le retour d’une frontière terrestre en Irlande.

Après son humiliante défaite au Parlement, Mme May a engagé des tractations avec l’opposition pour tenter de parvenir à un consensus mais celles-ci ont plutôt révélé l’ampleur des divisions dans la classe politique.

Le ministre britannique du Commerce extérieur, Liam Fox, a mis en garde contre le risque de "tsunami politique" si les députés échouaient à respecter le vote du référendum de 2016 décidant d’un retrait de l’UE.

Il s’en est aussi pris aux députés dont les travaillistes, qui exigent que Theresa May écarte l’hypothèse d’une sortie sans accord de l’UE, en estimant dans The Sunday Telegraph, que "la chose la plus stupide possible" dans une négociation est "de se défaire de sa carte la plus forte".

Dans une lettre au même journal, 50 présidents d’associations conservatrices et d’autres personnalités soulignent que le manifeste du parti en 2017 indiquait qu’en matière de Brexit, "aucun accord était mieux qu’un mauvais accord". Le non-respect de cet engagement constituerait une "rupture de confiance avec les électeurs et les membres du parti", préviennent-ils.

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