Brexit : Johnson défend son accord avant un vote historique

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a déployé ses derniers efforts vendredi pour convaincre les députés réticents à soutenir son accord de Brexit lors d’un vote historique samedi, assurant qu’il n’y avait "pas de meilleure issue" pour quitter l’Union européenne le 31 octobre.

Alors que le feu vert du Parlement britannique reste très incertain, le Premier ministre conservateur s’est engagé sur tous les fronts, appelant des parlementaires, réunissant ses ministres et donnant une série d’entretiens à la télévision pour défendre le compromis arraché in extremis à Bruxelles.

"Il n’y a pas de meilleure issue que celle que je vais préconiser demain", a-t-il assuré à la BBC. "J’invite tout le monde à imaginer demain soir que nous avons réglé tout cela et respecté la volonté du peuple, nous aurons alors l’occasion d’aller de l’avant".

Sur la chaîne ITV, il a invité les députés à "penser à un monde" où l’obstacle du Brexit, qui paralyse la vie politique depuis trois ans, aura "été dépassé": "La nation poussera un grand soupir de soulagement".

Trois mois après être arrivé au pouvoir avec la promesse de réaliser le Brexit coûte que coûte le 31 octobre, le dirigeant a créé la surprise des deux côtés de la Manche en arrachant un accord alors que les négociations semblaient patiner.

"Ceux qui n’ont pas pris (Boris Johnson) au sérieux avaient tort", a déclaré le président français Emmanuel Macron, lors d’une conférence de presse vendredi, pendant un sommet européen à Bruxelles.

Le dirigeant conservateur doit maintenant obtenir le feu vert du Parlement lors d’une séance exceptionnelle à Westminster, la première à se dérouler un samedi depuis la guerre des Malouines il y a 37 ans.

Boris Johnson a réuni vendredi après-midi ses ministres pour faire le point. Si le texte est avalisé par les députés, l’exécutif présentera dès lundi le projet de loi destiné à le mettre en oeuvre, ont indiqué ses services.

Persuasion par téléphone

Le dirigeant se bat pour chaque voix, tant le vote s’annonce serré samedi. Il a multiplié jeudi et vendredi les coups de téléphone aux députés, selon ses services, dans une entreprise de persuasion visant tous les partis.

Le gouvernement conservateur ne dispose plus que de 288 élus, contre une majorité absolue de 320 voix à la Chambre des communes, qui avait rejeté trois fois l’accord de divorce de l’ex-Première ministre Theresa May, la poussant à la démission.

Les partis de l’opposition ont déjà prévenu qu’ils voteraient contre l’accord de Johnson, le Labour y voyant un risque de détérioration des droits des travailleurs après le Brexit.

Surtout, le parti unioniste nord-irlandais DUP, allié de l’exécutif au parlement, est vent debout contre le compromis, qui ébrèche selon lui l’intégrité du Royaume-Uni en prévoyant un traitement différent pour l’Irlande du Nord.

"Le peuple veut que nous mettions en oeuvre le Brexit maintenant. Et les parlementaires, qu’ils soient du Labour, du Lib Dem, Plaid, SNP, ou DUP… nous voulons tous avancer", a assuré le Premier ministre sur ITV.

Boris Johnson pourrait gagner des points en obtenant le soutien de la vingtaine de conservateurs opposés à un Brexit sans accord, qu’il a lui-même expulsés du Parti le mois dernier.

Dans son viseur également: les potentiels rebelles travaillistes, représentant des circonscriptions favorables au "Leave".

"C’est un mauvais accord mais si je pensais qu’il n’y aurait pas de Brexit du tout, j’envisagerais de voter pour", a admis le travailliste Graham Stringer sur la BBC.

En cas d’échec

Un échec de Boris Johnson au Parlement prolongerait la grande incertitude dans laquelle le Royaume-Uni est plongé depuis l’approbation du Brexit par référendum en juin 2016.

Une loi votée en septembre par l’opposition le contraint à demander à Bruxelles un nouveau report de trois mois du Brexit, qui nécessiterait l’aval de l’UE.

Le dirigeant exclut catégoriquement de repousser le Brexit, déjà reporté deux fois, sans dire toutefois comment il s’y prendrait.

Son accord établit des règles particulières pour les douanes concernant les marchandises arrivant en Irlande du Nord, qui reste dans le territoire douanier britannique, selon que celles-ci sont destinées à y rester ou à passer dans le marché unique européen.

Il s’agit d’éviter le retour d’une frontière physique entre l’Irlande du Nord britannique et la république d’Irlande, qui restera membre de l’UE, afin de préserver la paix après des décennies de violences.

Plus généralement, le texte prévoit les conditions du divorce entre le Royaume-Uni et l’UE après 46 ans de vie commune, notamment en matière de droits des citoyens et de respect des engagements financiers. Il introduit une période de transition jusqu’à décembre 2020.

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