Boualem Sansal dénonce « le terrorisme » intellectuel à l’encontre de Kamel Daoud

Sansal est à la fois bête noire des islamistes et est critiqué par le régime algérien depuis sa visite en Israël pour y recevoir un prix littéraire.

Le romancier algérien Boualem Sansal a pris parti jeudi pour son confrère Kamel Daoud, accusé par un groupe d’universitaires français d’ »alimenter les fantasmes islamophobes », en estimant que « sauver Kamel Daoud, c’est sauver la liberté, la justice et la vérité ».

« Malheur sur nous! Les lanceurs de fatwa et les censeurs les plus émérites, mais aussi les seconds couteaux, les jaloux, les faux amis et les super agents de la police de la pensée, tapis dans les hautes structures de la culture et de l’information, se mobilisent pour l’abattre », dénonce l’auteur de « 2084 » dans une tribune publiée par le quotidien français Libération.

« Il ne faut pas s’y tromper, les attaques contre Kamel Daoud relèvent du terrorisme, tout comme ce qu’en Europe, on appelle le ‘politiquement correct’, le ‘pas d’amalgame’ ou la ‘laïcité graduée’ », soutient Boualem Sansal, à la fois bête noire des islamistes et critiqué par le régime algérien depuis sa visite en Israël pour y recevoir un prix littéraire.

Ecrivain et journaliste au Quotidien d’Oran, Kamel Daoud a été la cible d’attaques d’universitaires le mois dernier après avoir écrit que « le sexe est la plus grand misère dans le monde d’Allah » à la suite des agressions sexuelles commises pendant la nuit de la Saint-Sylvestre à Cologne, en Allemagne, dont certains des auteurs seraient des migrants.

Daoud, auteur du roman « Meursault contre-enquête » primé en France, a dans la foulée annoncé qu’il arrêtait le journalisme.

« Kamel Daoud se retire du journalisme. Vont-ils l’obliger à abandonner la littérature ? », s’interroge Boualem Sansal, lauréat l’an dernier du Grand prix du roman de l’Académie française.

On espère « la victoire » pour Kamel Daoud et « pour tous, écrivains et lecteurs, une nouvelle ère de tranquillité faite de libres et fructueux échanges ». « Mais, ajoute Boualem Sansal, la lucidité nous interdit de rêver ».

« L’écrivain que je suis, hyper attaqué dans son pays, sait depuis son premier roman l’intelligence et la ténacité des assassins de la liberté et de la pensée. De tout ils font un crime ».

Face aux critiques, plusieurs voix des deux côtés de la Méditerranée se sont élevées pour défendre Kamel Daoud, le Premier ministre français Manuel Valls appelant même à soutenir « sans aucune hésitation » l’écrivain.

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