Boris Faure : « Je parlais de mort politique »

Que s’est-il vraiment passé entre lui et le député LREM M’jid El-Guerrab ? Boris Faure a été entendu à deux reprises par la police.

Boris Faure a été agressé à coups de casque par le député LREM M’jid El-Guerrab, mis en examen pour violences volontaires. Le responsable de la fédération socialiste des Français de l’étranger a été entendu à deux reprises par les enquêteurs de la 3e DPJ, qui se sont rendus à son chevet à l’hôpital Beaujon. Si lors de sa première déposition, il lui a été difficile de se rappeler les circonstances de son agression, il a pu répondre plus facilement samedi matin aux policiers qui venaient recouper auprès de lui les déclarations du parlementaire tenus alors en garde à vue, statut où il avait été placé la veille à 15 h 30. Comme Le Point le révélait il y a deux jours, Boris Faure a été opéré d’un hématome au crâne, les médecins lui ont prescrit 30 jours d’ITT.

Menaces de mort par SMS

Samedi matin, il a ainsi pu livrer certains détails aux officiers de police. Le cadre socialiste justifie sa présence dans le quartier où réside l’élu LREM par un rendez-vous chez son psy. Après une séance de 45 minutes, il aurait croisé par hasard M’jid El-Guerrab. Malgré le contentieux vieux d’un an qui les oppose, il aurait traversé la rue pour venir à sa rencontre. Aux policiers, Boris Faure déclare qu’il a eu à peine le temps d’échanger quelques mots avant de recevoir deux coups de casque. Cette dernière déclaration est contredite par les images de vidéo-surveillance du bar PMU devant lequel la discussion s’est déroulée et que la PJ a récupérée. On y voit les deux protagonistes discuter avant que Boris Faure esquisse un rapprochement physique en direction du député. Selon M’Jid El-Guerrab, c’est à ce moment-là que Boris Faure lui aurait tordu le poignet et le pouce, raison pour laquelle le médecin des UMJ de l’Hôtel-Dieu lui a prescrit 6 jours d’ITT après un diagnostic établi lors de sa garde à vue.

Durant cette garde à vue, le représentant d’En marche ! a documenté, notamment à l’aide de SMS, ce qu’il a considéré comme du harcèlement. Un harcèlement qui n’a pas cessé, selon lui, après sa victoire aux législatives. Le Point a pu y avoir accès. À l’origine des bisbilles entre les deux camarades socialistes, M’Jid El-Guerrab, comme les autres prétendants socialistes à l’investiture sur la 9e circonscription des Français de l’étranger, reproche à Boris Faure son engagement, ou du moins son absence de neutralité, en faveur de Didier Le Bret, l’époux de Mazarine Pingeot, adoubé par l’Élysée et par Jean-Christophe Cambadélis comme candidat officiel.

Les échanges houleux entre Boris Faure et M’Jid El-Guerrab atteignent un tel niveau que les menaces de mort fusent. Après une conversation téléphonique en octobre 2016, le futur député renvoie un texto à Boris Faure : "… Personne ne m’a jamais parlé comme ça : je suis mort politiquement ? ? ? Tu veux me tuer ? Tu devrais avoir honte de parler comme ça à un camarade." Aux enquêteurs qui l’interrogaient hier matin sur ces menaces, Boris Faure reconnaît : quant aux menaces de mort, "je parlais de mort politique".

Le conflit a perduré même après que Didier Le Bret a été investi officiellement par le PS à la suite de sa victoire à la primaire interne. Le 12 mai 2017, Boris Faure rédige ce SMS à l’attention de M’Jid El-Guerrab : "Bonjour, j’ai vu que tu n’étais pas investi EM (En marche, ndlr). Logique. Pour ton info, Stéphane Séjourné (Ndlr : aujourd’hui conseiller du président de la République) est un ami… Je t’ai fait une promesse fin septembre 2016. Et je tiens toujours mes promesses… Cordialement. Boris Faure."

De même, les accusations de racisme lancées par M’Jid El-Guerrab contre Boris Faure ont été émises bien avant leur altercation. Au point que le cadre socialiste avait menacé à plusieurs reprises le futur élu de déposer plainte s’il ne s’excusait pas. Il annonce finalement par SMS avoir saisi la Justice sur des propos qu’il juge diffamatoires, mais ne souhaite pas, écrit-il, rendre publique cette information pour ne pas influencer les résultats du premier tour de l’élection législative. Malgré cela, le candidat du PS sera éliminé sans même accéder au second tour. Les textos échangés à ce sujet figurent désormais dans le dossier d’instruction.

Le Point

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