Bimbos et femmes d’affaires : le match Zahia-Nabilla

L’une est brune et l’autre blonde, les deux jouissent d’une une notoriété insolente et s’assument en machines à cash. Plongée dans le petit monde qui fabrique leur « success story ».

Bimbos et femmes d
Ne l’appelez plus Zahia. Autour d’elle, tout le monde lui donne désormais du "Mademoiselle". Le célèbre chef pâtissier en charge de son salon de thé, Sébastien Gaudard, le confesse volontiers. "Je ne me sentais pas à l’aise avec Zahia, c’est trop connoté…" Un nouveau nom pour une nouvelle vie de business woman? Zahia Dehar, n’est plus la mineure sortie du gâteau d’anniversaire de Franck Ribéry, celle par qui le scandale arrive. Elle a ouvert il y a dix jours le "boudoir", une boutique éphémère de lingerie-pâtisserie dans le 8e arrondissement de Paris, au cœur du triangle d’or. Une Russe et une princesse saoudienne auraient déjà prévu de privatiser le lieu… L’opération est financée par un fonds chinois basé à Hongkong, First Mark Investments, prêt à mettre 50 millions d’euros d’ici à 2017 sur sa marque et la reprise d’autres griffes françaises. L’objectif? "Représenter le luxe français à l’étranger, notamment en Asie et aux États-Unis", avance Anne-Marie Pecoraro, son avocate depuis plus de trois ans.

Ce vendredi, perchée sur ces hauts talons, la jeune fille de 21 ans née à Ghriss, en Algérie, s’inquiète de la tenue de ses cheveux, regrette d’avoir mis une robe bleu marine trop simple. Autour d’elle, des strings à 990 €, des soutiens-gorge à 400 euros, des cache-tétons en forme de crème fouettée. Son image porno chic, ultramaîtrisée, est façonnée par un essaim de conseillers rompus à l’univers du luxe : la styliste Barbara Baumel, le patron des hôtels Murano, Jérôme Foucaud, l’ex-directeur des restaurants du Shangri-La, Arnaud Duhem…

L’ex-escort girl, une marque à forte valeur ajoutée

Mais la mise en orbite de la jeune femme repose avant tout sur un duo que forment Anne-Marie Pecoraro et l’agent Laurent Guyot. "Ils sont partis d’un personnage atteint dans son image pour en faire un actif crédible. Ce sont eux qui ont structuré le business de Zahia, négocié les contrats d’exploitation de droits sur la personnalité et trouvé des activités en lien avec son image et son histoire", note un conseiller de l’ombre. Eux et quelques publicitaires capables de partir du "matériau médiatique" pour en faire une marque à forte valeur ajoutée. L’appel à un créateur comme Karl Lagerfeld, qui la place dans son lookbook, ou des artistes Pierre et Gilles en fait partie. Grâce à eux, l’ex-escort girl sulfureuse devient une icône surprenante, hype et bancable. Un actif qui permet à son avocate d’aller frapper à la porte du fonds chinois puis de faire fabriquer par les anciennes ouvrières de Lejaby, à Villeurbanne, toutes les pièces "made in France" de sa collection. "Nous n’avons pas rencontré Zahia tout de suite, rapporte Muriel Pernin, qui dirige les Atelières. Mais elle a suivi la fabrication avec une précision. Et elle a joué elle-même les mannequins pour essayer les modèles!" Son histoire rappelle celle de Divine Brown, la prostituée du scandale Hugh Grant, qui dirige une société de production musicale et a empoché plus d’un million de dollars pour ses témoignages et apparitions dans des talk-shows.

De "allô, quoi!" à l’édition

Si elles parviennent à durer, ces stars d’un jour entretiennent un éco-système capable de générer plusieurs millions d’euros par an. Autre phénomène médiatique du moment, Nabilla Benattia, née à Annemasse (Haute-Savoie), il y a vingt ans, et bien dans son corps refait, prend aussi le chemin d’une notoriété qui peut rapporter gros. Madame "Allô! Non mais, allô, quoi!" est une créature de la téléréalité, omniprésente dans les médias et dans les business plans de son entourage. Son principal business angel s’appelle Thibaut Valès. À la tête de la Grosse Équipe, il produit l’émission Les Anges de la téléréalité, dont Nabilla est la star. La jeune femme, qui aime faire rire les gens, vient de signer un livre et une ligne de tee-shirts en surfant sur le slogan qui la rendue célèbre. Une formule aussitôt déposée à l’Institut national de la propriété industrielle (Inpi). À l’instar de l’entourage de Zahia, soucieux de protéger son nom. "Pour le livre, elle a eu les services d’un humoriste qui a l’habitude de travailler dans les médias", reconnaît Virginie Fuertes, son éditrice aux éditions Privé.

Nabilla attire aussi les créateurs de mode. Le jour où Zahia inaugurait sa boutique en présence du tout-Paris – Isabelle Adjani, Samuel Le Bihan, Josiane Balasko, Audrey Pulvar, Laurence Ferrari… – elle défilait pour Jean Paul Gaultier, moulée dans un bustier noir. Elle aura une émission à son nom à la rentrée. "Zahia et Nabilla sont les nouvelles stars. Elles ont un vrai relief télévisuel et à chaque apparition, elles créent un événement qui fait de l’audience et suscitent de la proximité et de l’empathie avec le public, là est leur force", estime le publicitaire Frank Tapiro, qui a récupéré le slogan de Nabilla deux jours après sa sortie pour le lancement du magasin Ikea à Marseille. La starlette, elle, serait déjà en discussion avec L’Oréal, Carrefour et La Française des jeux. Avec Zahia, elle disparaîtra des médias cet été pour revenir en force à la rentrée. La première est attendue en une de FHM Chine, de W aux États-Unis et sur le plateau d’un talk-show français. Nabilla raconte qu’elle fera la une du Vanity Fair France… Ou l’art du story-telling.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite