Bernard Cazeneuve soutient implicitement Valls

Bernard Cazeneuve a apporté mardi un soutien implicite à Manuel Valls pour le second tour de la primaire de la gauche en appelant à défendre l’action du gouvernement menée ces dernières années « dans un contexte extrêmement difficile ».

Plutôt en retrait jusqu’ici, le Premier ministre s’est impliqué dans la campagne pour le second tour qui opposera dimanche son prédécesseur à Matignon au "frondeur" Benoît Hamon.

"On ne peut pas gagner l’élection présidentielle si on n’est pas ardemment dans la défense de l’action qui a été conduite par ce gouvernement dans un contexte extrêmement difficile au cours de ces dernières années", a déclaré Bernard Cazeneuve à la presse dans les couloirs de l’Assemblée nationale.

Sans nommer personne, le chef de la majorité s’est ainsi éloigné du projet de Benoît Hamon, en rupture avec la ligne social-démocrate de la politique menée depuis cinq ans en France.

"Il faut que nous soyons, si nous voulons gagner l’élection présidentielle, dans la fierté de ce bilan, la fierté de ce que nous avons fait car nous n’avons aucune chance de pouvoir projeter une espérance pour demain si nous ne sommes pas dans la revendication de ce que nous avons fait", a insisté Bernard Cazeneuve.

Lors du premier débat télévisé précédant le premier tour de la primaire, qui opposait sept candidats, Manuel Valls avait été le seul à dire sa "fierté" du travail accompli sous l’autorité de François Hollande.

A cinq jours du second tour, les deux finalistes ont échangé à distance mardi des piques illustrant des visions économiques et sociales antagonistes.

Selon le Parti socialiste, seulement 1,6 million d’électeurs se sont déplacés dimanche dernier, contre 2,7 millions lors de la primaire de la gauche en 2011 et 4,3 millions lors du scrutin interne de la droite, en novembre dernier.

Bernard Cazeneuve a appelé les électeurs à se déplacer massivement dimanche prochain "de manière à ce que ce grand moment démocratique soit un moment qui permette à notre sensibilité progressiste d’avoir de la force pour gagner ces élections face une droite et une extrême droite dont on connaît parfaitement aujourd’hui les projets"."

Si environ la moitié du gouvernement a apporté son soutien à Manuel Valls avant le premier tour de la primaire, les ministres ont été peu nombreux à s’exprimer depuis dimanche.

Arrivé deuxième derrière Benoît Hamon, l’ancien Premier ministre se trouve en position d’outsider. Les deux hommes doivent se retrouver mercredi soir pour un ultime débat télévisé qui s’annonce très clivant.

Hamon et Valls, deux visions irréconciliables

"Paresse intellectuelle" contre "marchand de sable" : Benoît Hamon et Manuel Valls, les deux finalistes de la primaire du Parti socialiste, ont échangé mardi des piques par médias interposés à cinq jours du deuxième tour d’un scrutin qui verra s’affronter des visions économiques et sociales antagonistes.

Deuxième du scrutin avec 31% des voix, l’ancien Premier ministre de François Hollande est l’outsider du deuxième tour d’une élection qui a vu l’ex-ministre de l’Education nationale (36%) se muer en favori.

Manuel Valls avait lancé l’offensive dès dimanche soir en accusant Benoît Hamon, qui avait quitté son gouvernement en août 2014 pour protester contre l’orientation politique du couple exécutif, de représenter "une défaite assurée" à l’élection présidentielle.

Sur franceinfo mardi, l’ancien chef du gouvernement, qui a pour l’heure reçu parmi les candidats du premier tour le soutien de la présidente du parti radical de gauche Sylvia Pinel, a une nouvelle fois épinglé le programme de son adversaire, notamment le revenu minimum universel, qu’il juge irréaliste.

"Quand on propose 350 milliards d’euros même à l’horizon d’un quinquennat, c’est irréaliste", a-t-il déclaré. "Quand on bâtit le succès de sa campagne sur cette idée-là, alors on est en effet un marchand de sable, un marchand d’illusions, parce que ça va créer des désillusions".

"Moi je propose la société du travail,la défiscalisation des heures supplémentaires, la fiche de paie, l’engagement pour l’emploi, le soutien à la compétitivité des entreprises", a-t-il poursuivi. "Il y a un vrai débat, il faut qu’il soit tranché, il faut qu’il soit clarifié", a-t-il ajouté. "PARESSE INTELLECTUELLE"

Invité sur Europe 1, Benoît Hamon, qui s’en était tenu à un discours général dimanche soir, a riposté aux attaques de Manuel Valls, estimant "assez irresponsable de la part d’un ancien Premier ministre de parler comme il le fait".

"J’aimerais savoir quel est le futur qu’il propose sinon le statu quo et de continuer avec les solutions d’hier (…) je respecte ce qu’il dit mais cela ne marchera pas parce que ça n’a pas marché jusqu’ici", a-t-il dit.

"Je mets sur la table des propositions nouvelles, elles semblent aujourd’hui rassembler les électeurs de gauche très largement, et bien au-delà et parlons de cela, plutôt que de procéder par ce qui relève davantage de la paresse intellectuelle que de la volonté de faire vivre le débat démocratique", a poursuivi le député des Yvelines, qui a reçu le soutien d’Arnaud Montebourg, arrivé troisième dimanche dernier.

Autre point de discorde entre les représentants des deux lignes antagonistes au Parti socialiste, la laïcité, l’ancien Premier ministre accusant de nouveau Benoît Hamon d’"ambiguïtés" sur le sujet.

"Il y a des ambiguïtés, des risques d’accommodements, oui en effet, de sa part", a-t-il dit. "Ce débat devra être évidemment précisé (…) La laïcité est là pour protéger, pour permettre à ceux qui croient comme ceux qui ne croient pas de vivre ensemble (…) Il ne peut pas y avoir le moindre compromis avec le communautarisme."
Invité sur RFI, Benoît Hamon a riposté aux accusations de son adversaire, dénonçant un "procès".

"On me fait le procès de quoi ? D’être élu de banlieue, d’être confronté à la réalité de ce communautarisme que je combats, autrement que par des mots", a-t-il dit. "Ce n’est pas moi qui ai une version dévoyée de la laïcité", a-t-il ajouté, rappelant que c’était "le Conseil d’Etat qui lui a rappelé [à Manuel Valls] ce qu’était la loi sur le burkini quand il s’est porté au secours des maires interdisant le burkini".

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