Bernard Cazeneuve sort de l’ombre pour proposer un chemin de « transformation »

Deux grands discours cette semaine, un long article dans la revue Le Débat, un livre à paraître en octobre… Bernard Cazeneuve, le dernier Premier ministre de François Hollande, remonte sur scène en cette rentrée, avec la volonté de proposer un chemin de "transformation" conciliant social-démocratie et écologie.

Vingt-sept mois après son départ de Matignon, il sera l’invité vedette des journées parlementaires du PS à Avignon qui se déroulent jusqu’à vendredi. Il s’adressera jeudi après-midi aux députés et sénateurs, devant la presse.

François Hollande, qui s’était exprimé en juillet devant les parlementaires socialistes, est cette fois encore leur invité. Mais il devrait tout au plus dire quelques mots amicaux lors d’un "pot" à huis-clos jeudi soir.

Dimanche, M. Cazeneuve discourra devant environ un millier de personnes à la fête de la Rose de Maraussan (Hérault).

M. Cazeneuve, dont la promesse du "retour" agite depuis quelques mois les rangs socialistes, devrait s’exprimer sur les sujets d’actualité -retraites, assurances-chômage- mais aussi plus largement sur "ce que doit être la social-démocratie demain": "Il s’agit d’articuler la pensée social-démocrate, l’enjeu de la transition énergétique et écologique, et la question de la pensée républicaine", explique-t-il à l’AFP.

"Si on est socialiste, on doit s’occuper des questions environnementales (…) On s’en préoccupe en essayant de créer des conditions d’une transition écologique qui réduise les inégalités", souligne l’ancien ministre de l’Intérieur.

Un article de trente pages dans le prochain numéro de la revue Le Débat devrait permettre à l’ancien député de la Manche de développer plus longuement ces thèmes, qui se sont imposés au coeur de l’actualité, et sur lesquels il se sait attendu au tournant.

L’une des fondatrices de Place publique, Claire Nouvian, décrit ainsi dans Le Figaro mardi M. Cazeneuve comme "une figure du passé, celui de la social-démocratie la plus productiviste". "Sa participation au gouvernement Hollande est rédhibitoire et, chez les écologistes au moins, personne n’a oublié la mort de Rémi Fraisse à Sivens", torpille-t-elle.

François Hollande "satisfait"

L’ancien premier secrétaire du PS par intérim Rachid Temal a fustigé sur Twitter des propos "orduriers". "C’est un homme d’Etat et de gauche", a-t-il répliqué, rappelant que Bernard Cazeneuve a soutenu en mai la liste PS-Place publique conduite par Raphaël Glucksmann aux européennes.

A l’instar de M. Temal, une grande partie des éléphants socialistes semble disposée à s’aligner derrière M. Cazeneuve, au premier rang desquels les présidents des groupes PS à l’Assemblée et au Sénat, Valérie Rabault et Patrick Kanner.

Mardi, à Châlons-en-Champagne, François Hollande a confié son "estime" pour Bernard Cazeneuve. "Je souhaite que sa parole puisse être entendue", a-t-il déclaré à la presse.

L’ancien président "est satisfait que Bernard Cazeneuve (…) se réinvestisse dans la vie politique et vienne en soutien à la gauche", a décrypté son entourage.

Un passage de témoin entre les deux hommes ? Après la parution fin août dans Le Monde d’une série d’articles accablants pour l’ancien président de la République, les conditions d’un "retour" de François Hollande paraissent moins que jamais réunies.

M. Cazeneuve, lui, peaufine sa stature d’"homme d’Etat", sorti relativement indemne de l’épreuve du quinquennat. Il publiera à l’automne un livre de souvenirs sur son expérience à Beauvau. Avant, probablement en 2021, un deuxième tome qui "dépassera le récit pour en tirer les enseignements".

Quant à 2022, il est trop tôt pour en parler, même si M. Cazeneuve est "très enclin" à créer "les conditions par une réflexion de fond, d’un rassemblement de la gauche le plus large possible", et "très enclin à soutenir le candidat qui sera en situation de gagner". "Mon souhait, c’est qu’il soit socialiste", ajoute-t-il.

Disant ne "pas s’inscrire dans une perspective pour 2022 pour lui-même", M. Cazeneuve précise que "s’il n’y a pas de solution", il "prendr(a) (s)es responsabilités". "Je ne suis pas Jacques Delors", glisse-t-il, en référence à celui qui avait finalement décliné la candidature socialiste en 1995.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite