Automobile: l’électrique ouvre la porte à de nouveaux entrants

Le marché en plein essor des voitures électriques ouvre la porte à de nouveaux acteurs dans l’industrie automobile, comme le montre la percée du constructeur californien Tesla ou la profusion de start-ups en Chine, explique Xavier Mosquet, directeur associé senior au cabinet BCG et expert du secteur automobile.

Q: Pourquoi l’industrie automobile a-t-elle longtemps été dominée par les mêmes acteurs ?

R: Si vous regardez l’histoire de l’industrie automobile, elle a commencé avec d’un côté des gens qui fabriquaient des moteurs et des châssis, et de l’autre côté des gens qui fabriquaient des carrosseries.

Petit à petit, cette industrie s’est consolidée. Et aujourd’hui tous les fabricants de voitures sont aussi des fabricants de moteurs. Il n’y a plus de fabricants de moteurs indépendants.

Cela veut dire que si vous voulez fabriquer des voitures, la seule façon de le faire, c’est de travailler avec un constructeur. C’est pour cette raison que les Chinois ont développé leur industrie automobile en faisant des filiales communes avec des constructeurs internationaux.

Dans ce pays, le gouvernement s’est rendu compte qu’il n’y aurait pas d’industrie automobile indépendante en Chine tant que les moteurs thermiques domineraient — tout simplement parce que la technologie de ces moteurs est extrêmement complexe et qu’il est très difficile de rattraper le retard.

Q: Pourquoi le véhicule électrique change-t-il la donne ?

R: Dans le véhicule tout électrique, on enlève un des éléments clé de l’automobile, le moteur. Une importante barrière à l’entrée disparaît.

C’est ce qui fait qu’un nouvel entrant comme Tesla a été capable de fabriquer des véhicules en s’approvisionnant auprès de Panasonic pour ses cellules de batteries. De nouvelles sociétés, assez nombreuses, ont commencé à fabriquer leurs propres véhicules, souvent en commençant par le haut de gamme.

Il y a des gouvernements aujourd’hui qui aident leurs industriels à fabriquer des véhicules électriques pour disposer d’une industrie automobile nationale. Je pense notamment à la Turquie.

Toute évolution de la chaîne de valeur ouvre des opportunités pour de nouveaux entrants, mais au fur et à mesure que le marché du véhicule électrique va grossir, ces opportunités vont se réduire parce que l’efficacité sur les coûts va redevenir déterminante.

Des entreprises vont commencer à s’intégrer sur des composants clé, qui vont devenir des éléments de différenciation. Je pense par exemple aux moteurs électriques ou aux convertisseurs.

Dans 5 ou 10 ans, on retrouvera une forme d’avantage à l’échelle et une nouvelle concentration des acteurs. Aujourd’hui on est dans la phase de foisonnement et d’explosion des initiatives.

Q: Les acteurs dominants ne seront donc plus forcément les mêmes ?

R: Si Tesla continue d’avoir le succès qu’il a aujourd’hui ce sera l’un des exemples de nouveaux acteurs qui se seront introduits grâce à cette révolution électrique. On peut penser qu’il y en aura d’autres, même si leur nombre sera limité.

La Chine, notamment, fait le pari que le changement de technologie va lui permettre d’implanter un certain nombre de ses entreprises sur le marché international. C’est clairement une partie importante de sa stratégie.

Propos recueillis par Daniel ARONSSOHN

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite