Au moins 83 morts dans un naufrage à Mossoul, deuil en Irak

Au moins 83 personnes, en majorité des femmes et des enfants, sont mortes jeudi dans le naufrage d’un bac sur le Tigre à Mossoul, l’accident le plus meurtrier survenu en Irak ces dernières années, en pleine célébration de Norouz, le Nouvel An kurde.

Un deuil national de trois jours a été décrété jeudi soir par le Premier ministre irakien, Adel Abdel Mahdi, qui s’est rendu sur le lieu de l’accident et à la morgue où ont été transportés les corps. L’ONU a déploré "une terrible tragédie".

Ce naufrage meurtrier a provoqué un vif émoi dans cette ville déja meurtrie par trois années (2014 à 2017) passées sous la férule des jihadistes du groupe Etat islamique (EI). Les familles mossouliotes n’ont recommencé que depuis peu à sortir sur les rives du fleuve.

Si les guerres à répétition et les attaques jihadistes ont fait des centaines de milliers de victimes ces dernières années en Irak, des accidents de ce type sont rares.

Selon le dernier bilan du ministère de la Santé, 83 personnes sont mortes. Plus tôt dans la journée, les autorités avaient indiqué que "19 enfants" et "33 femmes" avaient péri.

La journée marquant le Nouvel An kurde et l’arrivée du printemps avait commencé dans la gaieté. Les victimes avaient embarqué à bord du bac pour traverser le fleuve en direction de parcs aménagés où les familles piquent-niquent traditionnellement pour Norouz, décrété jour férié dans l’ensemble de l’Irak. Mais leur embarcation s’est retournée dans les flots.

"Trop de passagers"

"C’est une catastrophe. Personne ne s’attendait à ça", confie à l’AFP un jeune rescapé après être parvenu à rejoindre la rive. "Il y avait énormément de monde sur le bateau, surtout des femmes et des enfants", a-t-il raconté.

L’accident résulte de la conjonction entre la surcharge du bateau et le haut niveau de l’eau, a expliqué un responsable des services de sécurité à Mossoul.

Ce bateau "a fait naufrage car il y avait trop de passagers à bord, plus d’une centaine", a-t-il dit à l’AFP sous le couvert de l’anonymat.

Après d’importantes pluies ces derniers jours, les autorités avaient par ailleurs ouvert des écluses pour alléger la pression au niveau du grand barrage de Mossoul. Elles avaient prévenu le public que les rives du Tigre seraient plus dangereuses avec un niveau de l’eau plus élevé.

Sur des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, le courant semblait fort et le niveau de l’eau plus élevé qu’à l’habitude sur ce fleuve qui coupe la ville en deux. Ces images montraient des dizaines de personnes flottant ou tentant de surnager autour d’un bac en partie englouti sous les eaux.

Recherches et enquête

La justice irakienne a annoncé en soirée avoir ordonné l’arrestation de neuf responsables de la gestion du bac et délivré des mandats d’arrêt contre les propriétaires du bateau et du complexe touristique.

M. Abdel Mahdi avait réclamé plus tôt "un rapport d’enquête sous 24 heures pour déterminer les responsabilités".

Alors que des corps ont été retrouvés parfois à une trentaine de kilomètres de Mossoul en raison du courant, les opérations de recherche se poursuivent.

Des ambulances et des véhicules de la police font le va-et-vient pour transporter corps et blessés vers les hôpitaux de la ville de près de deux millions d’habitants.

L’infrastructure hospitalière a été largement détruite durant les combats contre l’EI et seuls quelques départements et blocs opératoires fonctionnent.

A la morgue, des photos des victimes sont affichées sur les murs d’enceinte, pour beaucoup celles de femmes et d’enfants, afin que les familles puissent les identifier, a rapporté un journaliste de l’AFP. Mais la foule est tellement compacte que les proches peinent à approcher de ces clichés.

La Fédération irakienne de football qui accueille un tournoi amical avec la Syrie et la Jordanie a déjà annoncé qu’une minute de silence serait tenue lors des matches à venir à la mémoire des victimes du bac de Mossoul.

Plusieurs dirigeants politiques ont dénoncé l’absence de surveillance des équipements de loisirs vétustes. En Irak, la déliquescence des services publics suscite régulièrement la colère de la population.

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