Au Maroc, une toile célébrant le corps de la femme retirée d’une exposition

Narjis Rerhaye (A Rabat)

C’est la consternation dans le microcosme des artistes marocains. Khadija Tnana, une artiste peintre engagée, a eu la très mauvaise surprise de voir sa toile, « kamasutra », décrochée d’une exposition inaugurée jeudi 1er mars à Tétouan. « La théorie de l’art propre a encore de beaux jours devant elle ! » s’exclame cette artiste de la place.

La toile interdite est inspirée du célèbre manuel d’érotologie arable « Jardin parfumé » publié au 16ème siècle par l’érudit Cheikh Nefzaoui. Cette œuvre de Khadija Tnana avait été accrochée sur les cimaises du musée de l’art contemporain de la ville de Tétouan, avant d’en disparaître.

Khadija Tnana a été la première surprise de découvrir l’absence de son tableau. Personne n’avait jugé utile de l’informer de cette censure et encore moins de lui expliquer les raisons.

La thématique du corps de la femme traverse l’œuvre de Cette artiste dont le cœur bat à gauche. « Sa mémoire est marquée par les scènes de hammam, traversées de corps gros ou maigres, lourds, fatigués ou agiles a Mais c’est toujours le corps, le corps qui souffre, qui se meurt dans des tons de noir, de marron ou de bleu » peut-on lire dans un catalogue dédié au travail de Khadija Tnana.
Cette interdiction d’une œuvre d’art qui glorifie l’amour et le corps relance de plus belle le débat sur la liberté des artistes au Maroc et le conservatisme des islamistes au pouvoir.

Le gouvernement marocain est dirigé par le leader du PJD Saadeddine Elotmani et la mairie de Tetouan est détenue par les islamistes.

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