Au Maroc, une exposition au musée de Rabat réunit trois peintres marocaines « pionnières »

Le musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain de Rabat accueille jusqu’au 23 janvier une exposition posthume autour de l’oeuvre de trois artistes-peintres marocaines, considérées comme des « pionnières » de « l’expression artistique spontanée ».

L’exposition "Chaibia Talal, Fatima Hassan El Farrouj et Radia Bent Lhoucine: Voyage aux sources de l’art" célèbre trois grandes figures de l’art contemporain marocain ayant ouvert une voie de liberté à l’art pictural, a déclaré le président de la Fondation nationale des musées (FNM), Mehdi Qotbi, à la veille de cette exposition.

"Cette exposition à l’honneur de trois femmes peintres au parcours exceptionnel vise à faire connaître le riche patrimoine national moderne et contemporain en aidant à sa lecture et sa valorisation", a rindiqué M. Qotbi lors d’une conférence de presse dédiée à la présentation de cette exposition qui se tiendra du 23 octobre 2018 au 23 janvier 2019 au Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain de Rabat.

"Au début, nous avions l’intention d’organiser une exposition dédiée exclusivement à la grande artiste peintre Chaibia Talal. Mais le musée ne peut prétendre réaliser une exposition hommage à Chaibia en moins de cinq mois. Après une mûre réflexion, nous avons donc décidé d’organiser une exposition qui mettrait en avant le travail de trois femmes artistes marocaines d’exception, qui ont plusieurs points en commun: nées dans la première moitié du 20-ème siècle, issues du même univers traditionnel marocain et autodidactes", a expliqué M. Qotbi pour clore une polémique, suscitée par le fils de Chaabia qui défendait le principe d’une exposition dédiée exclusivement à sa mère.

Le musée compte organiser à l’avenir une exposition hommage à Chaibia qui retrace son parcours artistique, a fait savoir le président de la FNM, soulignant que ce projet nécessitera un délai plus important et la participation de plusieurs parties: experts en arts, biographes, collectionneurs et surtout des membres de la famille de la défunte artiste.

Les œuvres composant l’exposition "Chaibia Talal, Fatima Hassan El Farrouj et Radia Bent Lhoucine" ont été réunies avec le concours de collectionneurs amis du musée et d’artistes marocains, a-t-il indiqué, notant qu’après avoir exposé Picasso, Dali, Matisse et d’autres grands artistes occidentaux, le plus grand musée du Maroc et d’Afrique a décidé d’honorer trois grandes artistes femmes marocaines reconnues mondialement.

L’exposition témoigne de la place qu’occupe la femme dans la scène artistique et de la capacité du Royaume à organiser un événement de cette envergure, a-t-il ajouté.

De son côté, Abdelaziz El Idrissi, directeur du Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain de Rabat, a relevé que cette manifestation artistique jette la lumière sur une génération d’artistes qui ont émergé dans les années 60, dont des femmes qui ont marqué de leurs empreintes l’art contemporain marocain. L’exposition met à l’honneur trois femmes autodidactes, issues d’un milieu rural et d’une culture orale, qui se sont adonnées à l’art en s’inspirant de leurs backgrounds et leurs cultures orales ancestrales, a souligné M. El Idrissi, commissaire de l’exposition.

Arrivées à Casablanca ou à Rabat au début des années 60, les trois artistes ont été confrontées à la modernité, mais dans leurs œuvres, elles sont restées attachées à leurs origines et leurs traditions, a-t-il noté.

Les trois femmes sont liées à l’art par le biais de leurs proches : Fatima Hassan est la femme de l’artiste Hassan El Farrouj, Radia Bent Lhoucine est la mère de Miloud Labyed et Chaibia est la mère de Houssein Talal qui a présenté son travail à ses amis et proches, notamment Moulay Ahmed Cherkaoui.

Imprégnées des rites, des paysages et des visages qui habitent leurs mémoires visuelles, Chaibia Talal, Fatima Hassan El Farrouj et Radia Bent Lhoucine peignaient des scènes du quotidien, qu’il s’agisse des scènes festives et rituelles accompagnant les cérémonies de mariage, ou des paysages rustiques exposant des formes humaines, animales et végétales souvent entremêlées, colorées, ornées et décorées jusqu’à la saturation. La catégorie du portrait faisait aussi partie intégrante des choix plastiques des trois artistes qui ont dépeint les physionomies des gens qui animaient leurs quotidiens.

Les œuvres des trois artistes dépassent la narration vers une transmutation, une caractérisation du réel. Si ces trois artistes avaient une multitude de points en commun, il n’en demeure pas moins que chacune d’entre elles incarnait une sensibilité particulière et se caractérisait par un traitement pictural singulier.

Bien que traversée par les mêmes problématiques, l’œuvre de ces trois artistes n’en reste pas moins spécifique. Leurs démarches respectives donnent à voir la simplicité des solutions techniques et picturales adoptées par chacune d’entre elles.

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