Au Maroc, les droits des femmes interpellent dans la violence

Narjis Rerhaye (A Rabat)

Ces dernières semaines, trois faits divers ont remis au centre des débats la question des droits des Marocaines. Tentative de viol, assassinat et agression à l’arme blanche, trois faits divers qui ont bouleversé l’opinion publique marocaine, indigné le mouvement féminin et nourri la chronique médiatique. Les victimes sont des femmes ou de très jeunes filles. Le crime se déroule toujours à l’extérieur dans la rue, et dans deux cas sur trois sous le regard impassible de passants et de citoyens qui n’interviennent pas et regardent ailleurs.

« Plus que jamais, les Marocaines ne sont plus en sécurité dans l’espace public. Elles en sont interdites ! » s’exclame cette activiste des droits des femmes.

Un mois de mars Dans la région des Rhamna, non loin de Benguerir, c’est un jeune homme de 21 ans qui tente de violer une lycéenne après lui avoir enlevé de force son pantalon. Son ami filme avec son téléphone portable la scène d’une violence inouie qui se déroule sur un terrain vague. La vidéo est mise en ligne sur les réseaux sociaux. On y entend la jeune fille de 17 ans implorer son bourreau. « Tu n’as donc pas de sœur ? », crie-t-elle. En 24 heures les deux jeunes sont arrêtés.

A quelques encablures d’Agadir, un homme essaie d’égorger sa femme, la roue de coups et la blesse un peu partout avec un couteau de cuisine. Cela se passe dans une rue fréquentée. Les passants passent. Ceux qui sont attablés à une terrasse de café continuent de siroter leur thé ou café. L’épouse en sang est à terre. Elle a beau appeler les hommes à venir la secourir et la sauver des griffes de son mari boucher, rien n’y fait. Les hommes regardent ailleurs. Leur regard est lourd : elle a sûrement dû faire quelque chose à son mari pour qu’il lui inflige un tel supplice.

« De victime, elle passe au statut de coupable. C’est son corps à elle qui est lacéré de couteau. Mais c’est que l’on juge. Une solidarité toute masculine qui ne dit pas son nom s’est naturellement faite avec le mari qui est en train de tuer sa femme avec un couteau », fait remarquer ce sociologue qui n’en finit pas d’analyser la place de la Marocaine dans l’espace public. Fort heureusement, cette femme a survécu à ses blessures. Son mari, qui avait pris la fuite, est interpellé à Meknès.

A Rabat, cette fois-ci, c’est l’assassinat d’une mère de famille qui a horrifié la paisible capitale. Le meurtre est perpétré dans un quartier résidentiel huppé, le Haut Agdal, à quelques encablures du lycée français. Un homme sort de sa voiture armé d’un couteau. Il interpelle son ex-femme sortant de la pharmacie avant de lui planter plusieurs coups de couteau. « C’est ma femme », crie-t-il à l’adresse des passants. Personne n’ose alors intervenir. Un étranger finira par le faire, bravant le mari et son couteau. La victime rendra son dernier souffle avant même d’arriver à l’hôpital, vidée de son sang.

Au fil de la chronique judiciaire et des violences extrêmes faites aux femmes, les Marocaines ne se sentent pas en sécurité. Une loi criminalisant la violence à l’encontre des femmes a été récemment adoptée par le parlement. Et si le mouvement féminin a condamné avec fermeté ces actes de violences contre la moitié de la société, les partis politiques du pays sont restés bien silencieux. Seul le PPS, un parti de gauche au gouvernement, a publié un communiqué condamnant la tentative de viol de Ben Guerir.

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