Au Maroc, le personnel politique suspendu au discours royal de la rentrée parlementaire

Narjis Rerhaye (A Rabat)

C’est ce vendredi 13 octobre que le Roi Mohammed VI inaugure la deuxième année législative du parlement marocain. Plus que jamais, le personnel politique est suspendu au traditionnel discours royal qui sera prononcé devant les parlementaires des deux chambres réunies. Une allocution que le souverain va prononcer deux mois après un discours du Trône qui avait tancé les partis politiques.

Plus encore, la rentrée parlementaire et politique se fait dans un contexte particulier où la reddition des comptes commence doucement à prendre forme. Le chef de l’Etat a, on s’en souvient, commandité des rapports aux ministères de l’intérieur et des finances au sujet des retards et/ou la non exécution du programme de développement régional « Al Hoceima, phare de la Méditerranée », des retards qui ont été à l’origine des événements sociaux du Rif. Leurs conclusions ont officiellement été remises à qui de droit. La cour des comptes a dans la foulée pris le relais dans les investigations pour tenter de cerner définitivement les responsabilités. Driss Jettou, le président de cette institution, doit remettre sa copie dans une semaine.

« Qui est responsable ? Pourquoi les projets n’ont pas été lancés au cours d’une année électorale ? A qui a profité un tel retard dans la mise en oeuvre de ce plan de développement régional ? Toutes ces questions et d’autres encore vont probablement trouver réponses et seront suivies d’actions. L’heure des comptes a sonné. La récréation est terminée. Les politiques le savent », commente cette figure de la majorité gouvernementale.

C’est aussi dans un contexte politique bouillonnant que les parlementaires s’apprêtent à faire leur rentrée. Après le congrès de l’Istiqlal et l’élection à une majorité écrasante du quinqua Nizar Baraka, président du conseil économique, social et environnemental et, surtout, petit-fils d’Allal Al Fassi, le PJD est empêtré dans une guerre des chefs à deux mois de la tenue de son congrès. Abdelilah Benkirane est fortement tenté par un troisième mandat qui nécessiterait un amendement des statuts du parti des islamistes au pouvoir. Les ministres du PJD ne l’entendent pas de cette oreille. Et Saadeddine El Otmani, le chef de gouvernement, fait savoir dans un tweet sa disposition à démissionner de ses responsabilités gouvernementales « pour le bien du parti ».

Du côté de l’opposition, les choses ne sont guère meilleures. Au Parti Authenticité et Modernité, le vrai-faux départ d’Ilyas Elomari, le secrétaire général démissionnaire, a déclenché une véritable guerre de tranchées sur fond d’accusations échangées entre les ténors de cette formation politique. Le PAM réunit en principe le 21 octobre son conseil national pour valider (ou pas) la démission d’Ilyas el Omari qui continue d’être le président de la région Tanger-Al Hoceima. Principale force de l’opposition avec sa centaine de députés, le PAM ne s’est jamais aussi mal porté : déficit d’image, absence de projet et querelle des califes.

C’est enfin un parlement au bord de la cessation de paiement des retraites des députés et conseillers qui fait sa rentrée vendredi 13 octobre. La caisse nationale des retraites et d’assurances serait bientôt dans l’incapacité de verser leurs retraites aux parlementaires. La menace est imminente d’autant que le chef de gouvernement aurait, dit-on, refusé d’injecter 3 milliards de dirhams dans le système de gestion de la caisse réclamés à cor et à cris par le président de la chambre des députés, le socialiste Habib El Malki.

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