Au Maroc, Nabila Mounib leader de la gauche radicale séduit les jeunes mais pas les électeurs

Narjis Rerhaye (A Rabat)

A quelques jours seulement de son anniversaire, Nabila Mounib a été réélue, samedi 3 février, à Casablanca, à la tête du parti socialiste unifié, PSU. Un deuxième mandat pour cette militante née un 14 février, pour qui l’union de la gauche ne saurait être un slogan de circonstance. Sa feuille de route et son programme de rénovation de sa famille politique a séduit près de 80% des congressistes. Une victoire au goût particulier dans un pays comme le Maroc où les femmes n’ont pas leur mot dans la prise de décision politique.

Professeure universitaire dans le civil, passionaria de la vie politique marocaine, Nabila Mounib est tombée très jeune dans la potion magique de politique. Dans les années 1970, son père, diplomate et intellectuel engagé, est en poste à Oran. A ses côtés, elle découvre le socialisme algérien. Nabila a 14 ans. Sa conscience politique nait alors. C’est naturellement qu’elle adhère à l’Organisation de l’action démocratique et populaire, ce parti présidé par Bensaïd Aït Idder, issu du Mouvement du 23 mars et fondé par d’anciens détenus politiques. La jeune femme y milite en ces temps où il ne faisait pas bon de revendiquer la démocratie et le respect des droits humains. Nabila Mounib est engagée à gauche de la gauche.

Définitivement. Ses positions tranchées, son franc parler, sa manière bien à elle de ne pas tourner autour du pot, sont sa marque de fabrique. Résultat, N. Mounib est une personnalité à part dans le paysage politique marocain. « Elle ne mâche pas ses mots. Elle dit tout haut ce que d’autres pensent très très bas. Elle ne craint pas de déranger avec ses revendications, », fait valoir cette jeune militante du Parti socialiste unifié.
Monarchie parlementaire, démocratie, égalité-parité, droits humains, indépendance de la justice : Nabila Mounib n’en finit pas de revendiquer, clamer, réclamer. Elle est de tous les combats : mouvement du 20 février, Al Hoceima, Jerrada. Mais pas au parlement. Tête de liste nationale aux dernières élections législatives, elle n’a pas réussi à se faire élire. Son parti compte deux députés sous la coupole. On est loin du PSU comme alternative de gauche.

« Le discours de cette formation politique et de ses figures séduit une jeunesse éperdue de combats et prompte à s’indigner. Sur facebook, Nabila Mounib cartonne. Dans les médias, elle fait figure de coqueluche. Dans les urnes, c’est une toute autre histoire. Il n’y a pas un vote de l’extrême gauche, à l’image de Mélenchon et sa France insoumise. Le discours du PSU peut parfois paraître comme hors temps avec des revendications anachroniques, » explique ce politologue en vue.

Pourtant, c’est à elle que l’Etat fait appel en 2015 lorsqu’une crise éclate entre le Maroc et la Suède, pays qui s’apprêtait alors à reconnaître la RASD. Nabila Mounib fait partie d’une délégation de partis de gauche qui s’est envolée à Stockholm pour expliquer la position marocaine aux suédois. La mission est un succès. La chef de file de la gauche radicale convainc et montre dans la foulée que son parti, le PSU, est en phase avec l’intégrité territoriale.

Battante et flegmatique, cette secrétaire générale à qui les militants ont renouvelé leur confiance veut incarner, dit-on, une troisième voie, coincée entre le PJD des islamistes et le PAM d’Ilyas El Omari existe. En somme un autre Maroc possible…

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