Attentat en Iran : Téhéran privilégie la piste séparatiste arabe

L’Iran accuse le Front populaire et démocratique des Arabes d’Ahvaz (FPDAA) d’être responsable de l’attaque qui a causé la mort de 24 personnes samedi.

Au lendemain de l’attentat meurtrier qui a coûté la vie à 24 personnes à Ahvaz, selon un bilan revu à la baisse, dans le sud-ouest du pays, l’Iran a déjà une bonne idée des responsables du drame. Téhéran privilégie en effet la piste séparatiste arabe et accuse le Front populaire et démocratique des Arabes d’Ahvaz (FPDAA) d’être derrière cet acte « terroriste ».

Téhéran a promis de venger « dans un avenir proche ». L’attaque de samedi a été perpétrée par un commando de quatre hommes qui ont ouvert le feu à l’arme automatique sur un défilé militaire et la foule de spectateurs, avant d’être abattus.

Ahvaz est la capitale du Khouzestan. Dévastée par la guerre entre l’Irak et l’Iran (1980-1988), cette province pétrolifère du sud-ouest de l’Iran est peuplée majoritairement d’Arabes. Les assaillants ont fait 24 morts et 60 blessés, selon le dernier bilan des autorités locales. La télévision d’Etat avait annoncé samedi 29 personnes tuées. Une cérémonie de funérailles doit avoir lieu lundi matin, selon la télévision d’État.

« Pays mercenaires »

« Nous n’avons aucun doute sur l’identité de ceux qui ont fait ça », a martelé le président iranien Hassan Rohani, avant de décoller pour New York, où il participera à l’Assemblée générale des Nations unies. « Tant que [le dictateur irakien] Saddam [Hussein] était en vie, ils étaient ses mercenaires », a dénoncé M. Rohani, dans une allusion au groupe séparatiste arabe incriminé. « Ensuite, ils ont changé de maître, et un des pays de la rive sud du golfe Persique » s’est chargé de les soutenir, a poursuivi le président iranien, sans nommer le moindre pays. « Tous ces petits pays mercenaires que nous voyons dans la région sont soutenus par les États-Unis. Ils sont encouragés par les Américains », a encore déclaré M. Rohani.

Abbas Araghchi, vice-ministre des Affaires étrangères iranien, a annoncé sur son compte Instagram que le chargé d’affaires des Émirats arabes unis à Téhéran allait être convoqué dimanche à cause de propos tenus par des « responsables de ce pays » sur l’attentat d’Ahvaz. Le groupe djihadiste État islamique (EI) a revendiqué l’attentat d’Ahvaz, mais les autorités iraniennes ne semblent pas prendre cette revendication au sérieux.

Le ministère des Affaires étrangères iranien a annoncé dans la nuit avoir convoqué samedi les diplomates représentant le Danemark, le Royaume-Uni et les Pays-Bas à Téhéran. Il leur a fait part des « fortes protestations de l’Iran contre le fait que leurs pays respectifs abritent certains membres du groupe terroriste ayant perpétré l’attaque » d’Ahvaz.

Une revendication, au nom du Front populaire et démocratique des Arabes d’Ahvaz, a été diffusée samedi sur une chaîne satellitaire, Iran International. Dans un communiqué publié sur son site, ce groupe a nié toute implication et accusé les autorités de Téhéran d’avoir commandité l’attaque pour détourner l’attention du soutien qu’elles apportent « à des milices dans la région ».

Ignorant ce démenti, la République islamique a haussé le ton envers le Royaume-Uni : les Affaires étrangères ont dit avoir insisté auprès du chargé d’affaires britannique sur le fait qu’il était « inacceptable que le porte-parole [de ce groupe séparatiste] soit autorisé à revendiquer cet acte terroriste à l’antenne d’une TV basée à Londres ».

« Conspiration » américaine

Samedi, la Russie, la Turquie, la Syrie et la France ont condamné fermement l’attentat. Il a fallu attendre dimanche pour une réaction américaine, par le biais de son ambassadrice à l’ONU. « Les États-Unis condamnent toute attaque terroriste n’importe où, point », a déclaré Nikki Haley.

Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a vu dans cette attaque « une continuation de la conspiration des gouvernements de la région à la solde des États-Unis ». D’autres responsables iraniens ont accusé, qui l’Arabie saoudite, qui « deux États [arabes] du Golfe », d’avoir armé ou financé le commando. L’Arabie saoudite, alliée des États-Unis, est le grand rival régional de l’Iran. Les deux pays s’opposant sur de nombreux dossiers au Moyen-Orient, notamment dans les conflits en Syrie et au Yémen. Téhéran et Riyad ont rompu leurs relations diplomatiques en janvier 2016.

L’Iran entretient également des relations tendues avec les Émirats, dont il dénonce régulièrement la participation à la coalition militaire sous commandement saoudien qui combat au Yémen contre les rebelles houthis. Téhéran dit soutenir politiquement cette rébellion, mais pas militairement.

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