Attentat déjoué à Orléans: deux Français interpellés, l’un originaire du Maroc et l’autre du Togo

Un attentat visant les forces de l’ordre a été déjoué la semaine dernière dans le centre de la France, a annoncé mardi le ministre français de l’Intérieur, qui a fait état de 3.414 refoulés aux frontières pour des raisons de sécurité depuis les attentats de Paris mi-novembre.

"Un projet d’attentat visant des représentants de la force publique dans la région d’Orléans a été déjoué la semaine dernière par la DGSI" (services de renseignements intérieurs), a déclaré M. Cazeneuve lors d’une visite à des policiers et des gendarmes.

Deux personnes ont été interpellées et inculpées le 19 décembre dans cette affaire, a-t-il précisé.

De sources policières à Paris, on précise que ces deux Français étaient pour l’un, originaire du Maroc, et pour l’autre, du Togo. Ils sont âgés de 24 et 25 ans. De source judiciaire, on précise qu’il s’agit de deux petits délinquants avec un casier judiciaire mentionnant des délits de droit commun.

Selon M. Cazeneuve, les deux hommes étaient "en contact avec un Français jihadiste présent en Syrie dont l’enquête devra établir s’il était le commanditaire des attaques que l’un des deux interpellés a reconnus au cours de sa garde à vue avoir projetées à l’encontre de militaires, de gendarmes, de policiers et de représentants de l’Etat".

De source judiciaire, on précise qu’ils avaient engagé des "démarches actives pour se procurer des armes". Une autre source proche du dossier évoque des kalachnikov, mais les mis en cause ne sont pas entrés en possession d’armement et aucun arsenal n’a été retrouvé.

Le passage à l’acte était prévu à Orléans, avec plusieurs hypothèses: caserne de l’armée, commissariats de police, gendarmeries… "Mais il n’y avait pas de cible apparaissant comme arrêtée. On était dans des hypothèses", a expliqué une source proche de l’enquête.

"Ces arrestations sont le résultat d’un travail minutieux de nos services de renseignement et portent à 10 le nombre d’attentats déjoués sur le territoire national depuis 2013", s’est félicité le ministre, qui a rendu hommage à la DGSI.

M. Cazeneuve a par ailleurs annoncé que 3.414 personnes, présentant "un risque pour la sécurité et l’ordre public", ont été refoulées aux frontières de la France depuis le rétablissement des contrôles dans la foulée des attentats du 13 novembre.

Il n’a cependant pas détaillé les modalités pratiques de ces refoulements.

Depuis l’instauration de l’état d’urgence le soir des attentats de Paris, les plus graves jamais commis en France, les résultats obtenus "sont importants", a assuré M. Cazeneuve.

A ce jour et dans le cadre de l’état d’urgence, a-t-il indiqué, "2.898 perquisitions administratives ont été effectuées". Cela s’est traduit par 346 interpellations, 297 gardes à vue et 51 personnes écrouées, selon ce nouveau bilan de M. Cazeneuve.

Voté à la quasi-unanimité par le Parlement dans la foulée des attentats, l’état d’urgence (un statut d’exception à l’état de droit, avec l’état de siège et l’état de guerre) est prévu pour être appliqué en France jusqu’au 20 février.

Il suscite néanmoins des critiques croissantes à gauche et jusqu’au sein de la majorité présidentielle, alors que l’exécutif socialiste s’apprête à entériner mercredi un projet de réforme de la Constitution qui vise précisément à redéfinir et "sécuriser" cet état d’urgence, en l’inscrivant dans la loi fondamentale.

Le régime d’état d’urgence n’est en effet régi jusqu’à présent que par une simple loi et donc susceptible d’être contesté devant le Conseil constitutionnel, la plus haute juridiction française.

Mardi, ce même Conseil constitutionnel, dans une décision très attendue, a précisément jugé que le texte de loi réglementant les assignations à résidence dans le cadre de l’état d’urgence était "conforme à la Constitution".

Il était contesté par les avocats d’un militant écologiste, qui jugeaient le texte contraire "à la liberté constitutionnelle d’aller et de venir".

L’état d’urgence permet aux préfets, représentants de l’Etat, de faire procéder à des perquisitions, des assignations à résidence et des dissolutions d’associations sans en référer à l’autorité judiciaire, sur le simple soupçon de menaces à la sécurité publique.

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