Attaque à Tunis: Essebsi promet une guerre « sans pitié » contre le terrorisme

Le président tunisien a promis de « combattre sans pitié » le terrorisme après l’attaque au musée du Bardo, en plein Tunis, dans laquelle ont péri 17 touristes étrangers et deux Tunisiens.

"Je veux que le peuple tunisien comprenne que nous sommes en guerre contre le terrorisme (…). Je veux que le peuple tunisien se rassure (…) ces traîtres seront anéantis", a également lancé le président, Béji Caïd Essebsi, dans une allocution télévisée mercredi soir.

Plus tôt, il avait dit à l’AFP que les autorités faisaient tout pour éviter qu’un tel "désastre" ne se reproduise.

L’attaque, qui a duré environ quatre heures, n’a pas été encore revendiquée. Deux assaillants ont été abattus et une opération des forces de sécurité était en cours pour rechercher d’éventuels complices, selon les autorités.

Le Premier ministre Habib Essid a fait état d’un bilan de 19 morts: 17 touristes et deux Tunisiens – un policier et un chauffeur de bus. Quarante-quatre personnes, dont six Tunisiens, ont été blessées, certaines grièvement.

Parlant d’une "situation définitive", M. Essid a listé "17 morts parmi les touristes (…): quatre Italiens, un Français, deux Colombiens, cinq Japonais, un Polonais, un Australien, une Espagnole". On ignorait encore la nationalité des deux derniers touristes tués.

Jeudi, le Japon a contesté les chiffres des autorités tunisiennes concernant ses ressortissants, évoquant une "erreur". Tokyo confirme la mort de trois Japonais ainsi que trois blessés.

Paris a annoncé que deux Français étaient morts dans l’attaque, et sept autres blessés, dont un restait "dans un état grave".

L’Italie a fait état de trois de ses ressortissants tués et Madrid de deux Espagnols morts.

– Pourchassés –

Parmi les blessés japonais figure Noriko Yuki, 35 ans, qui visitait le musée avec sa mère.

"J’étais accroupie les bras sur la tête, mais j’ai quand même été touchée à l’oreille, à la main et au cou", a-t-elle témoigné sur des images diffusées par la chaîne publique de télévision japonaise NHK.

En début d’après-midi, des assaillants armés de Kalachnikov ont ouvert le feu sur les touristes qui descendaient de leurs autocars puis ils les ont pourchassés à l’intérieur du musée, a relaté le Premier ministre tunisien.

"Nous avons réalisé qu’il ne s’agissait pas de pétards mais de terroristes qui tiraient sur toutes les personnes qui marchaient sur la place. Après ils sont entrés dans le musée. Ils étaient presque à dix mètres, ils tiraient sur tout ce qui bougeait", a dit Josep Lluis Cusido, un touriste espagnol, à la chaîne Cadena Ser. "Je suis resté allongé par terre presque trois heures."

Selon un journaliste de l’AFP sur place, l’un des autocars à bord desquels les touristes sont arrivés était criblé de balles.

Certains touristes voyageaient avec le croisiériste Costa, dont un bateau faisait escale dans le port de La Goulette (banlieue de Tunis).

Costa Croisières a fait savoir que 14 passagers n’étaient pas remontés à bord après l’attentat et que son navire ancré dans le port, le Costa Fascinosa, devait repartir mercredi soir, en laissant une équipe sur place pour assister les touristes.

Un porte-parole de la compagnie a souligné "ne pas pouvoir dire" si les passagers manquants figurent parmi les victimes de l’attaque.

Au Parlement, mitoyen du musée, la "panique" a été "énorme" lorsque les coups de feu ont retenti, a relaté la députée Sayida Ounissi sur Twitter. La fusillade est intervenue "en pleine audition des forces armées sur la loi antiterroriste", en présence du "ministre de la Justice, de juges et de cadres de l’armée".

– Mouvance jihadiste –

Pour Mohsen Marzouk, conseiller politique du président tunisien, l’attaque "vise notre économie", une référence à l’importance pour la Tunisie du secteur touristique. "Mais il ne faut pas que nous laissions ce coup nous affecter. Et je suis sûr que le monde gardera sa confiance en nous."

Des centaines de Tunisiens ont manifesté dans le centre de la capitale en scandant "Tunisie libre, le terrorisme dehors".

La communauté internationale a vivement condamné le carnage, à l’instar du Conseil de sécurité de l’ONU.

Cette attaque qualifiée d’"attentat terroriste" par le ministère tunisien de l’Intérieur touche le pays pionnier du Printemps arabe.

Depuis la révolution de janvier 2011 qui a chassé du pouvoir le président Zine El Abidine Ben Ali, la Tunisie a vu émerger une mouvance jihadiste responsable de la mort de dizaines de policiers et militaires, selon les autorités.

Liée au réseau Al-Qaïda, la Phalange Okba Ibn Nafaâ est considérée comme le principal groupe jihadiste de Tunisie actif à la frontière avec l’Algérie.

De 2.000 à 3.000 Tunisiens combattraient par ailleurs dans les rangs des jihadistes en Syrie, en Irak et en Libye. Cinq cents autres jihadistes tunisiens sont pour leur part rentrés au pays, selon la police, et sont considérés comme une des plus grandes menaces pour la sécurité.

En avril 2002, un attentat suicide contre une synagogue à Djerba (sud) avait coûté la vie à 14 Allemands et deux Français ainsi qu’à cinq Tunisiens. Al-Qaïda avait revendiqué l’attentat.

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