Asma Lamrabet explicite les raisons de sa démission forcée du Centre d’Etudes Féminines en Islam du Maroc

Asma Lamrabet a présenté sa démission du centre d’études féminines en Islam qu’elle dirigeait au sein de la Rabita Mohammadia des Oulémas que préside Ahmed Abbadi. Cette chercheure et écrivaine qui a fait de la place de la femme en Islam son combat en proposant une lecture féminine et féministe du coran en a fait elle-même l’annonce sur sa page Facebook dans la soirée de dimanche 18 mars.

Ce lundi 26 mars, elle explique les raisons de sa démission dans un communiqué. Ci-joint le texte intégral:

"1. Je n’ai pas souhaité m’exprimer, depuis l’étranger, où je participais à un séminaire académique, sur les raisons ayant conduit à ma démission et ce pour éviter toute instrumentalisation malveillante qui viendrait travestir mon patriotisme, mes valeurs et mes profondes convictions.

2. A l’occasion d’une conférence universitaire de présentation de l’ouvrage collectif sur l’héritage, mes propos, exprimés à titre strictement personnel et rapportés par un organe de presse ont suscité un tollé et une grande polémique lors de la 20èmesession du Conseil académique de la Rabita. Devant une telle pression, j’ai été contrainte à présenter ma démission en raison des divergences portant sur l’approche de l’égalité femmes hommes au sein du référentiel religieux.

3. A ceux qui voudraient m’accabler, je dirais que mon action, à titre bénévole au sein de la Rabita, pendant près de dix ans n’avait d’autre ambition que de servir mon pays et de promouvoir cette troisième voie, celui d’un islam apaisé, contextualisé et en phase avec les valeurs humanistes universelles compatibles avec nos valeurs culturelles.

4. Je porte en moi et défends les valeurs que Sa Majesté le Roi n’a cessé de prôner pour la préservation des constantes du pays, pour la défense des droits légitimes des femmes et la marche irréversible du Maroc vers la modernité.

5. L’islam comme référentiel incontournable et tel que clairement stipulé dans notre Constitution, ne saurait être pour nous marocains, femmes et hommes, ni une barrière ni un obstacle pour l’émancipation dans la justice et l’égalité en droits.

6. En tant que marocaine, qui a puisé son inspiration dans notre Islam, je me sens fière et forte de ses enseignements et des portes qu’il m’a ouvertes sur la réalité, l’altérité et la pluralité culturelle, ce qui a permis à notre pays de faire de sa richesse, de sa diversité et de sa spiritualité, un atout reconnu, respecté et souvent envié.

7. Cet engagement n’est pas seulement le mien, il est nourri et porté par la majorité des composantes de notre Nation. Il est celui du consensus national, du compromis, de l’Islam du juste milieu, celui qui a permis à notre pays d’évoluer sereinement et lucidement vers la modernité.

8. J’ai toujours prôné une lecture progressiste, réformiste et dépolitisée pour opérer une nouvelle approche de la question des femmes dans l’Islam. C’est l’action que j’ai toujours mené à travers la déconstruction des lectures rigoristes et patriarcales, notamment à travers mes différents ouvrages et au sein du Centre d’études féminines, qui est devenu un espace de référence dans la réforme du champ religieux initié par la plus haute autorité politique du pays.

9. Je voudrais enfin remercier tous ceux et celles qui m’ont témoigné leur solidarité et leur soutien, mais le plus important aujourd’hui est de soutenir, plus que jamais, les droits légitimes des femmes pour un Maroc de justice et d’égalité.

10. J’ai pris donc mes responsabilités. Et comme je l’ai dit dans mon post : « une étape est terminée ». Je poursuivrai sereinement et librement mon engagement."

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