Asile et immigration : soirée houleuse à l’Assemblée française où Gourault sort de ses gonds contre LR
Un incident de séance a opposé les députés LR à Jacqueline Gourault. Seuls 3 articles sur 40 ont été discutés jusqu’à présent. Et il reste 972 amendements.
Asile et immigration : la grosse colère de la ministre @j_gourault face aux "méthodes autoritaires" des députés LR.
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En commission, M. Collomb avait juste indiqué que « lorsque nous aurons examiné l’ensemble des articles de cette loi, nous pourrons débattre de ce qu’il convient de faire au sujet des personnes qui se trouvent sans statut ». Cette insistance a fini par faire réagir Jacqueline Gourault, ministre auprès du ministre de l’Intérieur, en fin de séance. « M. Jacob, vous allez laisser continuer ces méthodes pendant longtemps ? obliger un ministre à répondre ? Ce sont des méthodes autoritaires qui ne sont pas acceptables en démocratie. Qu’est-ce que c’est que ces méthodes ? » a tonné la ministre.
« Maladroite »
M. Jacob a répondu en jugeant que Mme Gourault « perdait son sang-froid ». « C’est le gouvernement qui est responsable devant le Parlement, pas l’inverse », a-t-il répliqué. « Je regrette que la ministre ait décidé délibérément de ne pas répondre à nos questions », a-t-il ajouté.
La réponse de Mme Gourault a été également jugée « déplacée » par la socialiste Laurence Dumont. Un élu de la majorité reconnaissait après les débats que, même si un ministre « n’a pas à répondre à des injonctions », Mme Gourault, ancienne sénatrice, avait été « extrêmement maladroite » face à des LR « privés de Collomb ». Quelques minutes auparavant, la présidente de la commission des Lois Yaël Braun-Pivet (LREM) était passée dans les rangs LR pour essayer, en vain, de pouvoir terminer dans le calme une séance qui dégénérait.
« Appel d’air »
Cet incident n’était en effet que la conclusion d’une soirée tendue dans un hémicycle empli de près de 200 députés, démarrée avec de multiples rappels au règlement de LR et de la gauche. Ces différentes oppositions demandaient qu’on revoie’organisation des débats, prévus pour s’achever dans la nuit de vendredi à samedi avec un vote immédiat, alors qu’on en est encore qu’à l’article 3 (sur 40) du texte. Cet article, qui prévoit que les mineurs reconnus réfugiés pourront désormais faire venir leurs « frères et sœurs », et non plus seulement leurs parents, a déchaîné l’opposition de LR et du FN qui s’en sont pris aux « belles âmes » de la majorité et de la gauche.
Cette réunification familiale – à différencier du « regroupement familial » qui concerne les étrangers venus légalement et est soumis à des conditions financières et de logement – ne devrait pourtant concerner que quelques centaines de personnes (357 mineurs réfugiés en 2016 selon Gérard Collomb). Mais élus LR et FN ont dénoncé un « appel d’air » (Ludovic Pajot, FN), l’ouverture « des vannes de l’immigration » depuis des pays « où les fratries peuvent être importantes » (Patrice Verchère, LR). « Vous allez ouvrir une filière de mort depuis l’Afrique vers la France », a lancé Pierre-Henri Dumont (LR).
« Pourrir le débat »
À ces arguments, majorité et gauche ont défendu, comme Coralie Dubost (LREM), « une avancée humaine et juste ». « C’est une question d’humanité de demander aux parents de ne pas choisir entre le mineur protégé et celui qui restera dans le pays d’origine », a répondu la rapporteure Élise Fajgeles (LREM) déplorant que LR et FN fassent « valoir absolument les mêmes arguments ». « Vous parlez de l’Afrique en termes indignes et insultants », leur a lancé Danièle Obono (LFI). Erwann Balanant (MoDem) a accusé LR de « pourrir le débat » en « amalgamant immigration et asile ». Sandrine Mörch (LREM) a dénoncé « une peur panique de l’étranger » chez LR et FN.
« Vous êtes irréprochables, vous aurez tous le prix Nobel de la gentillesse sociale et immigrationniste », leur a répondu le FN Gilbert Collard. Fabien Di Philippo (LR) s’en est pris au « monopole des leçons d’humanité et des bons sentiments ».
Au final, seuls 27 amendements ont été étudiés et l’article 3 n’a pu être soumis au vote. « Une soirée de gaspillée », déplorait une élue LREM. Les débats reprennent jeudi à 9 h 30, en présence cette fois du ministre de l’Intérieur. Il reste 972 amendements à discuter…