Arrestation de Carlos Ghosn: ce que l’on sait

Carlos Ghosn, PDG de Renault et président du conseil d’administration de Nissan, a été arrêté lundi à Tokyo sous le soupçon de malversations. Voici ce que l’on sait de cette affaire qui secoue le premier groupe automobile mondial:

Carlos Ghosn a été interrogé dès la sortie de son jet privé à l’aéroport de Haneda peu après 16H00 (7H00 GMT), selon le quotidien japonais Asahi Shimbun, puis arrêté à Tokyo aux alentours de 20H00 (11H00 GMT). Selon une source judiciaire, la garde à vue peut durer jusqu’à 23 jours au Japon mais il est possible d’être libéré avant sous caution.

Carlos Ghosn "a pendant de nombreuses années déclaré des revenus inférieurs au montant réel", affirme Nissan dans un communiqué, selon les résultats d’une enquête interne menée sur la base du rapport d’un lanceur d’alerte. Carlos Ghosn aurait minimisé des revenus de l’ordre de 5 milliards de yens (38 millions d’euros) sur cinq ans à compter de 2011, selon l’Asahi Shimbun et plusieurs médias.

"En outre, de nombreuses autres malversations ont été découvertes, telles que l’utilisation de biens de l’entreprise à des fins personnelles", ajoute Nissan.

Les faits rapportés par Nissan pourraient se traduire comme de l’évasion fiscale et des abus de biens sociaux. Le parquet de Tokyo n’a pas communiqué les motifs pour lesquels M. Ghosn pourrait être poursuivi ni sur le reste de l’affaire.

Sans même attendre les conclusions de l’enquête, Nissan a annoncé la tenue d’un conseil d’administration dès jeudi pour démettre Carlos Ghosn de son poste de président de cette instance. Le président exécutif du constructeur automobile japonais, Hiroto Saikawa, a eu des mots très durs contre l’ex-président, accablant le "côté obscur de l’ère Ghosn", tombé pour avoir trop concentré les pouvoirs, selon ses propos.

Mitsubishi Motors (MMC) a annoncé lundi soir qu’il allait à son tour "proposer au conseil d’administration de démettre rapidement Carlos Ghosn de son titre de président". Le constructeur va conduire une enquête interne pour déterminer si M. Ghosn a commis des malversations similaires au sein de MMC.

Le conseil d’administration de Renault "se réunira au plus vite", a indiqué lundi le constructeur automobile dans un communiqué, disant avoir "pris connaissance" des informations diffusées par Nissan. Le conseil d’administration de Renault indique être "dans l’attente d’informations précises" de la part du dirigeant.

Carlos Ghosn avait désigné en février un numéro deux, Thierry Bolloré, appelé à lui succéder à la tête du constructeur français. L’objectif à l’époque était déjà de rassurer les pouvoirs publics sur l’avenir de Renault, préoccupés aujourd’hui par "la stabilité" du constructeur, comme l’a affirmé lundi le ministre français de l’Economie Bruno Le Maire.

Si Carlos Ghosn n’est pas irremplaçable à Nissan ni à Mitsubishi et a déjà un successeur désigné au sein de Renault, ce n’est pas le cas de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, qu’il a contribué à ériger comme leader du marché automobile mondial.

En fin de matinée, le président français Emmanuel Macron a déclaré que l’Etat français serait "extrêmement vigilant à la stabilité" de Renault et de l’alliance avec Nissan.

"Cette affaire n’est pas de nature à affecter l’alliance entre les trois entités", a promis Hiroto Saikawa.

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