Armes françaises au Yémen: questions sur un cargo saoudien attendu en France

La secrétaire d’Etat française aux Armées a esquivé mardi une question de parlementaires suspectant un cargo saoudien attendu en France de venir s’approvisionner en armement, au moment où la controverse sur l’utilisation d’armes françaises dans la guerre au Yémen prend de l’ampleur en France.

"Plus de 60.000 personnes ont été tuées et plus de 16 millions de Yéménites sont menacés de famine (…) Mais la France, au nom de sa diplomatie du porte-monnaie, continue à vendre des armes à l’Arabie saoudite en toute opacité", a déclaré mardi lors de la séance des questions au gouvernement à l’Assemblée le député communiste Jean-Paul Lecoq.

"Pour preuve, au Havre est attendu le cargo Bahri Yanbu appartenant à la compagnie nationale saoudienne pour embarquer des pièces d’artillerie de fabrication française à destination du port saoudien de Jeddah", a-t-il affirmé.

"Une note confidentielle défense de la Direction du renseignement militaire (DRM) dévoilée le 15 avril dernier indique que les canons Caesar, placés à la frontière entre l’Arabie saoudite et le Yémen, bombardent des zones habitées par près d’un demi million de civils (…) pouvez-vous informer les représentants du peuple du chargement prévu au Havre en toute transparence ?", a interrogé le député.

La secrétaire d’État aux armées, Geneviève Darrieussecq, a répondu que "le gouvernement n’a jamais nié l’existence d’armes d’origine française au Yémen". "Et Florence Parly (ministre des Armées, NDLR) l’a dit et je le répète aujourd’hui, nous n’avons pas de preuves que ces armes sont employées contre les populations civiles", a-t-elle martelé, provoquant les réactions de protestation véhémentes des députés communistes.

Concernant le cargo Bahri Yanbu, la secrétaire d’Etat a répondu qu’"il n’est pas étonnant qu’un cargo saoudien s’y arrête" car le Havre est "un grand port français". "C’est un port majeur qui entre autre accueille les cargos des pays du Golfe et dessert la région du Moyen-Orient", a-t-elle conclu.

L’ensemble des parlementaires de gauche ont ensuite quitté l’hémicycle en signe de protestation.

Paris est régulièrement mis en cause, notamment par la presse et des ONG, pour ses ventes d’armement à destination de Ryad et d’Abou Dhabi, susceptibles selon elles d’être utilisées contre les civils au Yemen. Jusqu’ici, la ligne invariablement avancée par Paris est que ces armements ne sont utilisés que de manière défensive "et pas sur la ligne de front".

Une source gouvernementale a de son côté affirmé mardi à l’AFP, à propos de l’éventuel chargement, qu’il "ne peut pas s’agir de canons Caesar puisqu’il n’y a aucune livraison de Caesar en cours".

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