Armes chimiques: 30 pays mobilisés mardi à Paris contre le régime syrien

Une trentaine de pays vont lancer une initiative mardi à Paris, en présence du chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson, afin de poursuivre les responsables d’attaques chimiques en Syrie et riposter ainsi à un veto russe à l’ONU.

Cette conférence ouvrira une nouvelle séquence diplomatique sur la crise syrienne avant la reprise des pourparlers de l’ONU jeudi à Vienne et le Congrès de paix initié par la Russie le 30 janvier à Sotchi.

Elle se tiendra alors que le régime de Bachar al-Assad a été accusé lundi d’une nouvelle attaque chimique contre une enclave rebelle de la Ghouta orientale, à l’est de Damas. Les Etats-Unis ont dans la foulée critiqué le manque d’influence de la Russie sur son allié syrien.

Rex Tillerson aura aussi des discussions plus générales sur la Syrie, notamment après le lancement samedi d’une offensive turque contre une milice kurde alliée des Etats-Unis.

Son homologue français Jean-Yves Le Drian s’entretiendra avec lui en fin de matinée avant d’ouvrir à 14H00 (13H00 GMT) la conférence contre l’impunité de l’utilisation d’armes chimiques.

Concrètement, les représentants de 29 pays vont s’engager à partager des informations et à établir des listes de personnes impliquées dans l’utilisation d’armes chimiques, en Syrie mais aussi ailleurs dans le monde. Celles-ci pourront faire l’objet de sanctions (gel d’avoirs, interdiction de visas) ou de poursuites judiciaires au niveau des Etats.

‘On ne les lâchera pas’

Cette initiative, lancée par Paris, intervient après un double veto russe au renouvellement du mandat d’experts internationaux sur l’emploi d’armes chimiques en Syrie.

"Aujourd’hui la situation est bloquée au niveau le plus élevé de la communauté internationale", le Conseil de sécurité de l’ONU, déplore-t-on dans l’entourage de Jean-Yves Le Drian.

"Il faut que les auteurs d’attaques chimiques sachent qu’ils peuvent être poursuivis et qu’on ne les lâchera pas !", ajoute-t-on.

La France a ainsi décrété mardi des gels d’avoirs contre 25 entités et responsables d’entreprises syriens mais aussi français, libanais ou chinois soupçonnés "d’alimenter le programme syrien de conception et réalisation d’armes chimiques", précise-t-on de même source.

Il s’agit d’importateurs et distributeurs de métaux, d’électronique et de systèmes d’éclairage, selon deux arrêtés diffusés au Journal Officiel.

Aucun responsable du régime n’est en revanche visé. "Nous n’avons pas aujourd’hui d’éléments permettant d’engager cette démarche au niveau des autorités politiques syriennes", concède-t-on au Quai d’Orsay.

Au moins 130 attaques chimiques ont été perpétrées en Syrie entre 2012 et 2017, selon une évaluation française.

Les enquêteurs de l’ONU et de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) ont conclu à la responsabilité du régime syrien dans quatre d’entre elles, dont l’une au sarin a tué au moins 80 personnes le 4 avril 2017 à Khan Cheikhoun.

Pas les Russes seuls

La Russie, qui soutient militairement le président syrien Bachar al-Assad, accuse de son côté les enquêteurs de partialité. Le groupe jihadiste Etat islamique (EI) est aussi soupçonné d’avoir utilisé du gaz moutarde en Syrie et en Irak.

La Russie est aussi à la manoeuvre au plan politique avec une initiative de paix, associant Iran et Turquie, qu’elle espère concrétiser le 30 janvier à Sotchi alors que les pourparlers sous l’égide de l’ONU piétinent.

Le "Congrès du dialogue national syrien" vise à réunir des représentants du pouvoir, allié de Moscou et Téhéran, et des rebelles syriens, soutenus par Ankara. Mais une partie de l’opposition n’a toujours pas pris de décision sur sa participation.

Les Etats-Unis ont annoncé de leur côté le 17 janvier que l’armée américaine resterait en Syrie jusqu’à ce que l’EI soit totalement vaincu mais aussi pour contrer l’influence iranienne et aider à chasser Bachar al-Assad.

La France, deuxième contributeur à la coalition anti-EI sous commandement américain, souhaite aussi jouer un rôle dans le processus de paix.

"Les Russes ne peuvent pas régler seuls la crise. La Syrie devra un jour être reconstruite et leurs moyens n’y suffiront pas", a lancé lundi Jean-Yves Le Drian. (afp)

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