Armée mobilisée lors des manifestations: Macron tente de désamorcer la polémique

Le président français Emmanuel Macron a tenté vendredi de désamorcer la polémique née de l’annonce de la mise à contribution de militaires lors des manifestations de gilets jaunes en France samedi, en assurant que l’armée n’était « en aucun cas en charge du maintien de l’ordre ».

Le porte-parole du gouvernement avait annoncé mercredi la mobilisation des soldats du dispositif antiterroriste afin de protéger des bâtiments officiels et des points fixes, pour libérer des policiers et des gendarmes qui en étaient chargés.

En fait, "c’est exactement la même chose que ce qui avait été décidé au mois de décembre et à plusieurs reprises par le passé, c’est-à-dire faire appel aux militaires de l’opération Sentinelle pour ce qui est leur mission, la lutte contre le terrorisme et protéger des sites sensibles, pour pouvoir décharger les policiers et les gendarmes de ces missions", a expliqué le président Macron lors d’une conférence de presse à Bruxelles.

Face au tollé politique, des membres du gouvernement avaient assuré, depuis mercredi, que les soldats ne seraient pas appelés à faire du maintien de l’ordre et ne seraient en aucun cas au contact des manifestants.

Mais le gouverneur militaire de Paris, le général Bruno Leray, avait jeté le trouble en déclarant à la radio que les consignes "extrêmement précises" données aux soldats pouvaient "aller jusqu’à l’ouverture du feu".

"Les soldats donnent des sommations. Ils sont à même d’apprécier la nature de la menace et d’y répondre de manière proportionnée", avait-il poursuivi.

"En 2017 Emmanuel Macron promettait d’apaiser la France, en 2019 il mobilise la force Sentinelle, sans en avertir le chef d’état-major des Armées, et laisse entendre que les militaires pourraient tirer sur les manifestants. Le macronisme fracture et abîme la France", a réagi le député LR (Droite) Eric Ciotti sur Twitter.

Avant même l’interview du gouverneur militaire, le chef de file de La France insoumise (Gauche) Jean-Luc Mélenchon avait demandé "solennellement" vendredi au Premier ministre Edouard Philippe de venir s’expliquer devant l’Assemblée nationale sur la mobilisation de l’armée, fustigeant "une déclaration aussi aventureuse que périlleuse".

Le gouvernement français a pris des mesures afin d’éviter samedi une répétition des violences et des pillages qui se sont déroulés en France, notamment à Paris. Il a ainsi notamment interdit toute manifestation dans certains lieux symboliques et touristiques, comme par exemple les Champs Elysées à Paris ou la place du Capitole à Toulouse.

De leur côté, deux avocats, William Bourdon et Vincent Brengarth, ont écrit au Défenseur des droits, Jacques Toubon, pour lui demander d’obtenir des "garanties" du gouvernement "pour éviter tout risque".

Il "n’est dans l’idée de personne de mettre les militaires en face des manifestants", a répété vendredi la ministre des Armées, Florence Parly. La participation des soldats permet simplement "d’alléger les policiers et les gendarmes d’un certain nombre de tâches qu’il accomplissent communément dans la lutte contre le terrorisme".

"Il s’agit de leur permettre de faire ce qu’ils sont les seuls à pouvoir faire: le maintien de l’ordre public", a poursuivi la ministre. "L’idée est donc de remplacer ponctuellement policiers et gendarmes sur des tâches que l’opération Sentinelle peut accomplir", a-t-elle expliqué.

Interrogé sur RMC-BFMTV, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense au moment de l’institution de l’opération antiterroriste Sentinelle en 2015, a pour sa part déclaré : "Il n’a jamais été question que les forces de Sentinelle interviennent dans le maintien de l’ordre. Ce n’est pas leur rôle d’aller au contact des manifestants".

L’opération Sentinelle mobilise 7.000 soldats en France. Les soldats protègent des sites religieux (synagogues, mosquées…), des lieux particulièrement exposés au risque terroriste ou très fréquentés (lieux touristiques, gares…). Ils sont présents de manière quasi-permanente à certains endroits, comme les aéroports ou les musées.

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