Armée allemande : des employés d’Airbus soupçonnés d’espionnage

Airbus se retrouve confronté en Allemagne à des soupçons d’espionnage de certains de ses salariés sur des contrats de l’armée allemande, une affaire qui vient s’ajouter à d’autres enquêtes visant les méthodes de l’avionneur.

Des documents semble-t-il confidentiels ayant trait à des projets de la Bundeswehr se sont manifestement retrouvés entre les mains de plusieurs salariés du groupe européen.

Le parquet de Munich a confirmé jeudi à l’AFP avoir ouvert une enquête concernant à ce stade 17 personnes sur le soupçon de "trahison de secrets d’entreprise", "incitation" à le faire et utilisation de ces documents.

Airbus, pour sa part, a indiqué dans un communiqué avoir lui-même signalé cette affaire aux autorités allemandes sur des "infractions éventuelles commises par plusieurs employés concernant certains documents en liaison avec deux appels d’offre à venir du gouvernement allemand" dans le domaine des communications sécurisées et secrètes.

"Certains de nos salariés ont eu des documents qu’ils n’avaient pas à avoir", a indiqué à l’AFP une source au sein de l’avionneur, selon qui l’irrégularité a été découverte il y a "quelques semaines".

L’affaire concerne, selon la presse allemande, la branche armement d’Airbus, Airbus Defense et Space (ADS) et notamment son implantation à Munich qui regroupe les activités sensibles de cybersécurité et de communication cryptée.

Le quotidien Bild affirme que les salariés en ligne de mire ont été suspendus et des dossiers et ordinateurs saisis.

Le ministère allemand de la Défense, pour sa part, a indiqué être en train de "clarifier la nature des documents" et préciser ne pouvoir exclure "qu’il s’agisse de documents qu’Airbus était autorisé à voir".

– "Faire le ménage" –

Le député libéral allemand Alexander Müller a jugé "problématique que les employés des entreprises de défense connaissent à l’avance les exigences de la Bundeswehr dans leurs projets futurs", en terme notamment de fixation de devis et d’offre.

"Airbus doit maintenant s’expliquer et faire un peu de ménage", exige de son côté le député écologiste Tobias Lindner, qui juge qu’après une telle découverte "une entreprise devrait en principe immédiatement être exclue des appels d’offre".

Le ministère allemand de la Défense se veut beaucoup plus prudent. Un de ses porte-parole a indiqué qu’à ce stade "il est impossible" de dire si cette affaire aura ou non un impact sur ses procédures d’appel d’offre.

Ce n’est pas la première fois qu’Airbus, emblème de la coopération industrielle et militaire européenne, en particulier franco-allemande, est confronté à des soupçons de la justice liés à des contrats.

Airbus est la cible d’enquêtes du Parquet national financier (PNF) en France et du Serious fraud office (SFO) en Grande-Bretagne pour des irrégularités sur des transactions, des faits qu’il avait lui-même dénoncés en 2016.

En Allemagne, l’avionneur s’est vu infliger l’an dernier une amende de 81,25 millions d’euros, qui lui a permis toutefois de clore une enquête de corruption présumée autour de la vente d’Eurofighter à l’Autriche en 2003.

Enfin, dans l’affaire du "Kazakhgate", portant sur des soupçons de "corruption d’agents publics étrangers", Airbus a été placé en juin sous le statut de témoin assisté, intermédiaire entre le témoin et l’inculpé.

Dans ces différentes affaires, Airbus a joué la même stratégie : l’autodénonciation. Cette pratique, éprouvée par d’autres groupes dans des affaires de corruption, comme Rolls Royce, met le groupe à l’abri, notamment en France et au Royaume-Uni de poursuites pénales.

Airbus a engagé un vaste renouvellement de son équipe dirigeante avec le remplacement en interne au printemps dernier de l’Allemand Tom Enders par l’ex-patron des activités d’avions commerciaux, Guillaume Faury, à la tête du groupe.

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