Après le Polisario et bien d’autres mercenaires, Kadhafi « achète » les jeunes Touaregs

Le dictateur libyen, qui a fait appel au Polisario pour l’aider à mater la révolte de son peuple, se tourne maintenant vers les jeunes Touaregs désargentés.

Le phénomène est connu de longue date. En vertu d’un accord passé en 1980, Mouammar Kadhafi protège les réfugiés touaregs maliens et nigériens, et en échange, les mêmes tribus assurent la sécurité du Sud libyen. Pour l’aider à combattre le soulèvement populaire des dernières semaines, le guide libyen a profité de cette allégeance tacite pour recruter 800 Touaregs.

Des recrutements dans des hôtels

Dans un hôtel de Bamako, qui appartient à Mouammar Kadhafi, la manœuvre se fait par exemple dans une relative discrétion. Les volontaires défilent devant des diplomates libyens, qui leur proposent une forte somme pour aller combattre les opposants en Libye. Un véritable bureau de recrutement improvisé.

Serge Daniel, un Français vivant à Bamako, confie à Europe 1 qu’il a observé dans un hôtel cinq étoiles de la capitale "des jeunes Touaregs maliens, des jeunes chômeurs", proposer leurs services, "pour 1.000 dollars par semaine". "Ce ne sont pas des gens costauds", développe aussi le témoin, qui parle de jeunes dont la moyenne d’âge se situerait autour de 18 ans. Un avion s’apprêterait à transporter les premiers mercenaires.

Les autorités locales s’inquiètent

Des témoignages avaient déjà fait état de la présence en Libye de ressortissants d’Afrique subsaharienne utilisés comme mercenaires aux côtés des forces loyales à Mouammar Kadhafi.

"Nous sommes à plus d’un titre très inquiets", a confié Abdou Salam Ag Assalat, président de l’assemblée régionale de Kidal, dans l’Est malien. Ces jeunes "sont en train de monter massivement (en Libye). C’est très dangereux pour nous, car que Kadhafi résiste ou qu’il tombe, il y aura un impact pour notre région", a-t-il argumenté. "Tout ça me fait peur, vraiment, car un jour ils vont revenir avec les mêmes armes pour déstabiliser le Sahel", a ajouté l’élu.

Devenus ennemis publics numéro 1 en Libye, "les escadrons de la mort" sont l’objet d’une forte rancœur, provoquant des lynchages. Une haine qui se retourne contre les nombreux noirs africains qui vivent et travaillent en Libye – un tiers de la population libyenne était étrangère avant les récents évènements.

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