Après la destitution de Morsi, l’aide US à l’Egypte va être réexaminée

Le président américain Barack Obama a appelé à l’élection rapide d’un nouveau gouvernement civil en Egypte et s’est dit « profondément inquiet » quelques heures après la destitution ce mercredi du président Morsi par l’armée. Barack Obama a par ailleurs annoncé qu’il allait demander aux agences et ministères concernés d’étudier les « implications » légales de la nouvelle situation pour l’aide que Washington verse annuellement à l’Egypte –et qui, en vertu de la loi américaine, ne peut aller vers un pays où un coup d’Etat a eu lieu.

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En cas de putsch reconnu comme tel, la législation américaine impose la suspension de la majeure partie de l’aide bilatérale, ce qui pourrait porter un coup sévère à l’armée égyptienne, institution jugée la plus stable qui entretient depuis des années des liens étroits avec les Etats-Unis.

L’aide annuelle d’un montant d’un milliard et demi de dollars que les Etats-Unis allouent à l’Egypte va être réexaminée en tenant compte de l’éviction de Morsi, a indiqué de son côté les sénateur Patrick Leahy qui préside la sous-commission chargée du contrôle de l’aide américaine à l’étranger.

"Les chefs militaires égyptiens affirment ne pas avoir l’intention, ni le désir de gouverner, et j’espère qu’ils tiendront leurs promesses", a commenté Leahy dans un communiqué.

Des millions d’Egyptiens ont réclamé la démission du président, l’état-major a présenté un programme détaillé et approuvé par les dignitaires religieux en vue du retour à l’ordre constitutionnel, mais une bonne part de l’opinion reste du côté de Mohamed Morsi et des Frères musulmans, dont il est issu, ce qui complique considérablement la situation.

Après consultation de ses conseillers, Barack Obama a exprimé sa "profonde préoccupation" et invité les instances compétentes à évaluer les conséquences de l’éviction du président sur la poursuite de l’aide bilatérale.

Le président des Etats-Unis a donc pris soin de ne pas parler de coup d’Etat et n’a pas réclamé non plus le retour de Mohamed Morsi, premier président égyptien élu démocratiquement, à la tête de l’Etat.

Son administration semble donc prête à considérer l’initiative de l’armée comme une solution acceptable à la crise politique qui fait rage dans ce pays de 83 millions d’habitants par ailleurs en proie à une situation économique préoccupante.

Les derniers exemples en date laissent supposer que Barack Obama ne prendra aucune décision dans la précipitation en ce qui concerne l’avenir de l’aide et des relations bilatérales.

Pour Eric Trager, spécialiste de l’Egypte à l’Institut pour la politique proche-orientale de Washington, Barack Obama ne parlera pas non plus de putsch et continuera à verser l’aide bilatérale. "L’administration Obama reconnaît que, si ça n’est pas démocratique à l’instar d’un coup d’Etat, c’est le résultat du fait que le président Morsi a perdu complètement le contrôle de l’Etat égyptien", a-t-il déclaré à Reuters, jugeant qu’au-delà de la démocratie, c’est la survie même du pays qui était enjeux.

"En fin de compte, c’est leur pays et ils trouveront une issue, mais il y aura des conséquences si c’est mal géré", a quant à lui estimé le général Martin Dempsey, chef d’état-major de l’armée américaine..

Des dirigeants des Frères musulmans arrêtés

Les forces de sécurité égyptiennes ont arrêté le chef du Parti justice et liberté (PJL), émanation politique des Frères musulmans, Saad el Katatni, et des mandats d’arrêt visant quelque 300 membres de la confrérie islamiste ont été délivrés, rapportent des médias égyptiens dans la nuit de mercredi à jeudi.

Annoncée par l’agence officielle de presse Mena, l’arrestation du dirigeant du Parti justice et liberté et d’un de ses adjoints, Rachad al Bayoumi, après l’éviction du président Mohamed Morsi, a été confirmée par un cadre du parti.

Le quotidien Al-Ahram rapporte pour sa part que les forces de sécurité s’apprêtent à disperser les partisans de Mohamed Morsi rassemblés près de l’Université du Caire.

Il ajoute que 300 membres des Frères musulmans, dont est issu Morsi, sont visés par des mandats d’arrêt.

L’agence Mena, qui ne confirme pas ce chiffre, indique cependant que la police entend arrêter "un certain nombre de membres des Frères musulmans accusés d’incitation à la violence et de troubles à la sécurité et à la paix générales".

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