Après l’attentat raté de Notre-Dame, la détermination intacte d’Inès Madani

La détermination d’Inès Madani n’a pas faibli après l’échec de l’attentat à la voiture piégée près de Notre-Dame en septembre 2016: la cour d’assises spéciale a commencé mardi à se pencher sur sa cavale puis ses nouveaux projets, stoppés par son interpellation, couteau à la main.

Quand Inès Madani a été arrêtée le 8 septembre 2016, il y avait dans son sac à main une prestation d’allégeance au groupe Etat islamique (EI): "Je vous attaque dans vos terres afin de marquer les esprits et de vous terroriser", avait-elle notamment écrit. Sur ces nouveaux projets, l’accusée, aujourd’hui âgée de 22 ans, reste floue devant la cour d’assises.

"On attendait des nouvelles de Rachid Kassim", le propagandiste de l’EI, qui avait déjà inspiré l’assassinat d’un policier et de sa femme à Magnanville en juin 2016, puis, le mois suivant, celui d’un prêtre en Normandie. "On ne savait pas ce qu’on allait faire", affirme Inès Madani. Dans l’appartement où elle avait trouvé refuge, à Boussy-Saint-Antoine, dans l’Essonne, il y avait pourtant des bouteilles et des mèches. De quoi confectionner des cocktails molotovs, souligne le président Laurent Raviot.

Deux jours après l’attentat raté près de Notre-Dame, Inès Madani est arrivée chez Amel Sakaou, sur les conseils de Rachid Kassim. Elles ont été rejointes par Sarah Hervouët, également guidée par le jihadiste. Mais la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), informée qu’une action violente était en préparation, avait mis en place une surveillance.

Alertées de la présence policière, les trois femmes sont sorties de l’immeuble, couteaux de cuisine à la main. Sarah Hervouët et Amel Sakaou étaient en jilbeb, voile laissant seulement apparaitre l’ovale du visage; Inès Madani portait un jogging.

Sarah Hervouët a poignardé à l’épaule un policier en civil, qui était dans une fourgonnette. Un policier a tiré à quatre reprises sur Inès Madani, l’atteignant au pied et à la cuisse. "C’était soit elle, soit moi", assure-t-il à la cour, sous couvert d’anonymat, par vidéo-conférence, caché derrière un store.

"Je lui criais de jeter son couteau et de s’allonger, mais elle n’a pas obtempéré", affirme le policier. "Je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi déterminé. (…) On ne s’attendait pas à une telle véhémence de la part d’une jeune fille de son âge". Le chef du dispositif de surveillance dit qu’elle était "comme possédée".

– "Vous êtes dépravée!" –

Inès Madani affirme avoir demandé au policier de lui tirer dessus, afin de mourir en martyr. "Il était en légitime défense. Je ne peux pas lui reprocher (d’avoir tiré, ndlr). Il m’a demandé de lâcher le couteau, j’ai refusé", admet-elle. L’accusée présente ses excuses aux policiers. Elle les remercie d’avoir rapidement appelé le Samu: "A ce moment-là, je voulais mourir. Je remercie cet agent de ne pas m’avoir laissée mourir".

La cour d’assises s’est aussi intéressée mardi à la cavale d’Inès Madani, dans les heures qui ont suivi l’attentat raté près de Notre-Dame. Sa co-accusée Ornella Gilligmann l’a déposée à Sarcelles, dans le Val-d’Oise, avant prendre la fuite avec son mari et ses trois enfants vers le sud de la France, où elle a été arrêtée.

Inès Madani a d’abord dormi chez les parents d’un ancien petit-ami, qui avait été expulsé en Tunisie après avoir collé des autocollants pro-Etat islamique sur des voitures de Sentinelle, l’opération de lutte contre le terrorisme.

Dans la rue, elle a demandé des services à des femmes voilées, comme elle. L’une d’elles a raconté à la cour lui avoir prêté son téléphone, puis lui avoir proposé un repas. "Quatre mois plus tard, la police a pris mes enfants pendant deux jours et moi qui n’avais jamais mis les pieds au commissariat, je me suis retrouvée en garde-à-vue", raconte ce témoin, agent administratif.

Elle demande l’autorisation de s’adresser à Inès Madani et laisse éclater sa colère: "Tout ça m’a porté préjudice. (…) Je suis musulmane. Vous salissez le mot islam. (…) Vous avez une perversion extrême en vous. (…) Vous êtes dépravée! Il faut vous faire soigner!". Le président a redonné la parole à Inès Madani, qui n’a pas dit un mot, pas même un pardon. Elle encourt la perpétuité.

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