Aprés Cahuzac, Augier, le trésorier de la campagne de Hollande en 2012, est au coeur de nouvelles révélations

Pour l’UMP, François Hollande doit remanier son gouvernement et se séparer de Jean-Marc Ayrault. Estimant que l’exécutif ne pouvait ne pas être au courant de l’existence du compte en Suisse.

Aprés Cahuzac, Augier, le trésorier de la campagne de Hollande en 2012, est au coeur de nouvelles révélations
L’incendie déclenché par les aveux de Jérôme Cahuzac poursuit ses ravages jeudi: l’opposition exige de François Hollande des gestes beaucoup plus forts que ses mesures de moralisation de la vie publique, comme un remaniement, et un proche du ministre déchu s’alarme du sort d’un homme "dévasté".

Une autre affaire pourrait éclabousser par ricochet l’Elysée: Le Monde révèle que le trésorier de la campagne de François Hollande en 2012, Jean-Jacques Augier, est actionnaire de deux sociétés offshore dans les îles Caïmans, un paradis fiscal. Sans conclure cependant à l’illégalité de cette pratique.

En milieu de matinée, l’UMP n’avait pas réagi à ce nouveau front, concentrant toujours ses attaques sur l’affaire Cahuzac, une "affaire d’Etat", notamment contre le ministre de l’Economie Pierre Moscovici, qu’elle accuse d’avoir tenté de couvrir son ancien collègue du Budget. "On ne lâchera pas Moscovici", a prévenu Claude Goasguen.

Le président de l’UMP Jean-François Copé est monté d’un cran en réclamant mercredi soir "un remaniement gouvernemental de grande ampleur, Premier ministre y compris", la seule "issue possible" à ses yeux pour redonner "un peu de sérénité" au pays.

Et la droite de marteler son angle d’attaque: l’exécutif ne pouvait pas ne pas savoir que Jérôme Cahuzac avait un compte secret à l’étranger. "Il se disait depuis longtemps dans les dîners en ville que, sur dix cheveux transplantés par M. Cahuzac, neuf l’étaient au noir (…). Dès qu’il s’agit d’une affaire sensible, les informations sont forcément transmises à Matignon et à l’Elysée", déclare dans Le Parisien de jeudi l’ex-ministre de la Défense Hervé Morin.

"Ils mentent!", a renchéri Marine Le Pen. La présidente du FN "pense pouvoir dire tranquillement que le président de la République et le Premier ministre étaient informés depuis quelques mois, et peut-être même que (…) Nicolas Sarkozy était informé depuis un certain nombre d’années".

"Malgré cela, on lui a confié la présidence de la commission des Finances" du Palais Bourbon, a-t-elle lâché.

Interrogée par LCI sur l’avocat fiscaliste Philippe Peninque, un de ses proches, qui a reconnu avoir ouvert un compte en Suisse pour M. Cahuzac, elle y a vu "une diversion" destinée à "éclabousser" sa "veste immaculée".
"Poison général" pour la classe politique

S’il réclame une commission d’enquête sur "l’action du gouvernement" dans cette affaire, le président de l’UDI, Jean-Louis Borloo, refuse de mêler sa voix au concert de ceux qui soupçonnent M. Hollande d’avoir su depuis longtemps. "Il faut juste savoir s’il s’agit de l’affaire personnelle de M. Cahuzac ou s’il s’agit d’un dysfonctionnement général qui discréditerait l’Etat", a-t-il dit sur RTL, en jugeant "épouvantable le poison général" autour de ce scandale.

Non, l’affaire Cahuzac n’est "pas une affaire d’Etat", a pour sa part rétorqué jeudi son successeur au ministère du Budget, Bernard Cazeneuve. "C’est un manquement individuel très grave, ce n’est pas la mise en place d’un système de corruption qui atteindrait un parti, un groupe, un Etat".

Face à cette "blessure pour la République", le patron du PS, Harlem Désir, a appelé la droite à "ne pas s’aligner sur le discours anti-républicain de l’extrême droite". Il a réclamé "de lutter contre tous les conflits d’intérêt". Dans la loi visant à moraliser la vie publique annoncée mercredi par M. Hollande, il faudra "ajouter le fait qu’on ne peut pas cumuler des fonctions de lobbying, d’avocat d’affaires par exemple, avec un mandat parlementaire", a plaidé M. Désir.

Le PS resserre les rangs. En général peu avare de piques, le député Jean-Christophe Cambadélis juge que "le président a raison d’avoir beaucoup de sang-froid".

En déplacement au Maroc, le chef de l’Etat a soigneusement évité d’évoquer la tempête provoquée par l’ancien ministre du Budget en s’exprimant mercredi soir devant la communauté française réunie à Casablanca.

Alors que le ministre de l’Intérieur Manuel Valls s’est dit "trahi", "sali" par le mensonge de Jérôme Cahuzac, l’un des amis de l’ex-ministre, le député PS Dominique Lefebvre, a mis en garde contre une chasse à l’homme. C’est un homme d’une "grande fragilité", qui est "détruit, dévasté". "Personne n’aurait aujourd’hui à gagner à ce que cet homme craque", a-t-il lancé.

Anne Carpentier, journaliste au journal satirique La Feuille, implanté dans le Lot-et-Garonne, le fief de l’ancien ministre, a raconté jeudi à l’AFP avoir eu au téléphone un Jérôme Cahuzac qui "ne va pas bien du tout". "C’est un homme abattu, carbonisé… Il faut faire très attention, on a toujours à l’esprit l’affaire Bérégovoy"

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