Appel de l’écrivain Tahar Ben Jelloun à éviter l’amalgame entre islam et idéologies violentes

« Il est impératif de ne pas faire d’amalgames entre l’Islam, religion de paix et de tolérance, et les idéologies violentes et les interprétations que se font des groupes terroristes de cette religion, bafouant le droit à la vie et la dignité humaine », a dit l’écrivain Tahar Benjelloun.

Présentant son dernier ouvrage (en langue italienne) "De l’Islam qui fait peur", Tahar Benjelloun qui s’exprimait jeudi soir à l’Institut français de Rome, a évoqué les  »principales questions » qui secouent actuellement le monde musulman et les craintes que cela suscite en Occident, appelant notamment à faire la distinction entre "le vrai Islam" et "l’idéologie violente et sanguinaire" des groupes fanatiques.

Plaidant pour une "lecture intelligente du Coran" au lieu de faire de ce Livre sacré un outil servant une idéologie bien déterminée, qui ne fait qu’"inciter à la violence et consacrer l’ignorance", M. Benjelloun a indiqué qu’il a cherché à apporter certaines réponses à des questions qu’on se pose actuellement en Occident, au centre desquelles figue souvent l’Islam, à travers un dialogue imaginaire avec sa fille française d’origine musulmane.

L’écrivain, qui rappelle l’indignation exprimée par les pays arabes modérés, le Maroc en tête, face à "l’intégrisme qui porte atteinte à la foi musulmane", a imputé la responsabilité de ce qui se passe dans l’Orient arabe aussi bien à des pays arabes qu’occidentaux. Ces derniers, a-t-il relevé, sont souvent "indifférents aux malaises des immigrés, de première et deuxième générations, installés dans leurs villes".

Après avoir expliqué les différentes interprétations du concept "jihad", l’écrivain a mis l’accent sur le rôle des nouvelles technologies en matière de propagande des jihadistes, soulignant que ces moyens sont à l’origine du "mystère de la séduction" des jeunes qui rejoignent les rangs des groupes terroristes.

Tout en faisant observer que la politique de "deux poids, de mesures" des occidentaux vis-à-vis conflit au Moyen-Orient, n’a fait que produire "des frustrations au sein de la communauté musulmane immigrée engendrant des réactions violentes", l’écrivain a appelé à "enseigner l’histoire des liberté à côté de celle des religions", à "lutter contre la radicalisation en se penchant tout d’abord sur les contenus des manuels scolaires", et à accorder "davantage d’intérêt à la condition féminine" parce que, a-t-il estimé "celle-ci est "un thermomètre pour mesurer le degrés d’évolution d’une nation".

Dans "De l’Islam qui fait peur" (223 pages/petit format), publié aux éditions Bompiani, l’écrivain dialogue avec sa fille et décrit l’indignation des pays modérés face à l’intégrisme qui dénature la foi en Dieu.

Il explique la genèse de "l’Etat islamique" et comment ce mouvement avait réussi à faire des adeptes parmi les jeunes "les plus fragiles, désorientés par le manque d’emploi et la misère morale et matérielle".

"L’EI a réussi à transformer l’instinct de vie en un instinct de mort", a-t-il dit, mais "l’Islam ce n’est pas du tout ça. Ce n’est pas une religion de violence et de terreur, mais une religion altruiste".

L’écrivain précise que dans l’histoire musulmane "il n’y avait pas d’étendard noir", et que les intégristes de l’EI ont tout simplement cherché à "instrumentaliser, de manière aveugle et stupide la religion en leur faveur donnant vie à un cercle vicieux dans lequel l’absurde et l’horreur se côtoient".

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