Algérie: un parti islamiste dénonce « l’incertitude » autour de la présidentielle

Les islamistes algériens du Mouvement de la société de la Paix (MSP) ont critiqué mercredi « l’opacité » et « l’incertitude » entourant la présidentielle prévue en avril 2019 en Algérie.

Le camp du président Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 1999, l’appelle avec instance depuis avril à briguer un 5e mandat, mais le chef de l’Etat, âgé de 81 ans et affaibli depuis 2013 par les séquelles d’un AVC, n’a dans l’immédiat rien dit de ses intentions.

"L’opacité entourant la présidentielle montre l’absence de vision de ceux qui gouvernent et leur volonté de garder la mainmise sur le pouvoir", affirme le parti dans un communiqué publié après une réunion de son bureau exécutif.

Se présentant comme islamiste et "modéré" et se réclamant des Frères musulmans, le MSP a activement soutenu M. Bouteflika au sein de l’alliance gouvernementale constituée autour de lui, avant de s’en éloigner depuis 2012.

"Nous n’avons pas l’impression que l’élection présidentielle va se tenir alors que nous sommes à quelques mois seulement de cette échéance importante", a expliqué à l’AFP Bouabdellah Bouadjmia, chargé de communication au MSP: "il y a une incertitude sur (qui sera) le candidat du pouvoir, la manière de gouverner est opaque et les décisions sont prises en cercle fermé".

Les multiples spéculations autour de l’éventuelle candidature à un nouveau mandat de M. Bouteflika, détenteur du record de longévité à la tête de l’Algérie, monopolise le débat politique dans le pays.

L’AVC dont il a été victime en 2013 a affecté sa mobilité et son élocution et le chef de l’Etat ne s’exprime plus en public et n’y fait que de rares apparitions en fauteuil roulant.

Dans son communiqué, le MSP qualifie par ailleurs d’"atteinte à la souveraineté nationale" l’utilisation "anticonstitutionnelle" du français par certains hauts responsables algériens lors de discours ou allocutions publiques.

Le parti pointe nommément du doigt le ministre des Affaires étrangères Abdelkader Messahel qui a prononcé en français son discours devant l’Assemblée générale de l’ONU, où il représentait le président Bouteflika.

Le MSP avait déjà dénoncé mi-septembre l’utilisation du français par le Premier ministre Ahmed Ouyahia, lors d’une conférence de presse à Alger avec la chancelière allemande Angela Merkel.

Langue du colonisateur (1830-1962), le français ne fait pas partie des langues officielles – arabe et tamazigh (berbère) – de l’Algérie, mais le pays compte de très nombreux francophones. L’enseignement du français est obligatoire dès le milieu du primaire et c’est la langue d’enseignement dans les facultés scientifiques.

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