Algérie : liberté provisoire annulée pour un journaliste, placé en détention

La justice algérienne a annulé mardi la liberté provisoire accordée à un journaliste et militant des droits humains accusé notamment d’atteinte au moral de l’armée pour des écrits sur les réseaux sociaux, et l’a renvoyé en prison, ont annoncé des associations.

Le 7 octobre, un juge d’instruction avait décidé le maintien en liberté de Saïd Boudour, journaliste indépendant et militant au sein de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH), après l’avoir inculpé de plusieurs chefs, notamment liés à des publications sur Facebook.

"La Chambre d’accusation d’Oran a fait droit à l’appel du Parquet contre la décision du juge d’instruction de laisser Saïd Boudour en liberté sous contrôle judiciaire, et a ordonné son placement en détention", a déclaré à l’AFP Kaci Tansaout, coordonnateur du Comité national pour la Libération des Détenus (CNLD).

Cette association récemment créée réclame la libération des "détenus politiques et d’opinion", arrêtés et incarcérés ces derniers mois en lien avec le "Hirak", le mouvement de contestation inédit du régime algérien, né le 22 février.

"M. Boudour est l’une des principales figures du +Hirak+ à Oran et il fait un travail courageux, ce qui dérange les autorités", a souligné M. Tansaout.

Le journaliste et militant est inculpé d’atteinte à l’unité nationale –infraction passible de dix ans de prison– et d’atteinte au moral de l’armée pour des publications sur les réseaux sociaux, a indiqué Saïd Salhi, vice-président de la LADDH qui a confirmé à l’AFP son placement en détention.

M. Boudour est en outre inculpé de diffamation et de chantage pour des faits pour l’heure inconnus, a-t-il ajouté.

Après avoir contraint le président Abdelaziz Bouteflika à démissionner après 20 ans à la tête du pays, le "Hirak" ne s’essouffle pas et réclame désormais le démantèlement du "système" au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1962 au profit d’institutions de transition, des revendications balayées par le haut commandement militaire qui a pris les commandes du pays.

Le CNLD recense une centaine de "prisonniers politiques et d’opinion" –manifestants, journalistes, militants– arrêtés depuis juin, lors ou en marge des grandes manifestations hebdomadaires contre le régime, et placés en détention provisoire.

Le Parquet d’Alger a soutenu début octobre que les dossiers qu’il traite "ne sont pas d’ordre politique" et assuré qu’"aucun détenu politique n’est incarcéré" dans sa juridiction.

Des ONG internationales de défense des droits humains ont récemment dénoncé le "climat de répression" actuel contre le "Hirak" algérien.

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