Algérie : le principal parti islamiste accuse le pouvoir d’empêcher la démocratisation

Le pouvoir algérien bloque la transition du pays vers la démocratie réclamée chaque semaine par le "Hirak", le mouvement populaire de contestation du régime né le 22 février, a accusé mercredi le principal parti islamiste d’Algérie.

Selon le Mouvement de la Société pour la Paix (MSP), principal parti d’opposition à l’Assemblée avec 34 sièges de députés sur 462, les autorités ont "fait avorter toute chance de réel dialogue et de consensus national" depuis la démission, le 2 avril, du président Abdelaziz Bouteflika sous la pression du "Hirak".

Depuis cette date, la contestation réclame en vain le démantèlement du "système" au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1962 – notamment le départ de toutes les figures des 20 ans de présidence Bouteflika -, au profit d’institutions de transition.

"Le pouvoir est responsable du blocage de la transition démocratique réclamée par le +Hirak+ et n’a pas tenu sa promesse de satisfaire les revendications populaires", estime le MSP dans un communiqué.

Désormais aux commandes, le haut commandement militaire, incarné par le chef d’état major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, ancien soutien fidèle de M. Bouteflika, a systématiquement rejeté toutes ces revendications et fait convoquer le 12 décembre une présidentielle massivement rejetée par la rue.

Membre de la coalition soutenant M. Bouteflika entre 2002 et 2012 avant de rompre, le MSP dénonce le climat "délétère de suspicion, d’imposition du fait accompli et la mainmise de l’administration dans le processus électoral".

Le parti, qui se réclame des Frères musulmans, a annoncé fin septembre qu’il ne présenterait pas de candidat à la présidentielle, estimant notamment que la "transparence de l’élection" n’était pas garantie.

Il a aussi dénoncé la réforme annoncée de la loi sur les hydrocarbures, principale ressource du pays qui lui assure 95% de ses recettes extérieures.

Ce projet de loi adopté en Conseil des ministres suscite un tollé en Algérie, au motif qu’il "brade" la richesse nationale aux multinationales.

Le MSP estime notamment que les autorités actuelles "rejetées par la population" et un "gouvernement illégitime" ne sont pas habilités à proposer une réforme aussi importante.

L’actuel gouvernement a été nommé par M. Bouteflika le 31 mars, deux jours avant sa démission, pour gérer les affaires courantes.

Le chef de l’Etat avait placé à sa tête Noureddine Bedoui, son ministre de l’Intérieur depuis 2015, considéré comme un fidèle et régulièrement conspué par les manifestants.

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