Algérie: le parti au pouvoir à nouveau éclaboussé par une guerre de tranchées

Après une accalmie, le Front de libération nationale (FLN), parti au pouvoir en Algérie, se trouve éclaboussé par une nouvelle guerre de tranchées entre ses différentes ailes, avec à l’horizon les prochaines échéances électorales. Les hostilités ont été lancées, il y a quelques semaines, par l’ancien parton du FLN, Abdelaziz Belkhadem, avec son appel à l’unité "pour sauver le parti", puis relayé, ce week-end, par un pamphlet signé par dese figures de la guerre de libération qui se disent guidés par le même souci.

Or, la sortie de Belkhadem, sèchement évincé du parti par décret présidentiel durant l’été 2014, et l’appel des "moudjahidate et moudjahidine" ont en commun de lancer une énième cabale contre l’actuel secrétaire général du FLN, Ammar Saadani, à qui on reproche sa liberté de ton et sa très grande proximité du pré-carré présidentiel.

Les 14 "moudjahidine" ont émargé un "Appel" dans lequel ils réclament "le départ immédiat et inconditionnel de Saadani et de sa bande", en vue de "restituer" le FLN "à ses militants sincères et dévoués, des hommes de conviction qui incarnent une aspiration partagée". La réponse de la direction du FLN ne s’est pas faite désirer, en publiant, lundi, un communiqué du bureau politique aussi virulent que les déclarations des détracteurs de Ammar Saadani, qui, contrairement à ses habitudes, a disparu de la circulation ces derniers temps.

Le bureau politique a, ainsi, appelé "tous les militants à faire montre de vigilance et à s’unifier afin de soutenir leur direction légitime", faisant part d’une mobilisation générale pour "contrecarrer toute tentative de division du parti et par conséquent, la déstabilisation du pays".

"Seuls les militants sont souverains quant aux décisions concernant leur parti conformément aux textes", a insisté le communiqué, relevant que le vieux parti "leur appartient exclusivement".

Affichant son "indignation à l’égard de toute ingérence patente ou latente émanant de l’extérieur", le bureau politique réaffirme sa "confiance totale en la personne du secrétaire général du parti FLN, Ammar Saadani, en vue de préserver les acquis réalisés et de se préparer aux échéances futures".

Visiblement, lesdites échéances, à savoir législatives en 2017 et présidentielle deux ans plus tard, causent, d’ores et déjà, du rififi sur la scène politique algérienne, en divisant l’opposition sur le boycott et en propulsant au-devant de la scène une personnalité bannie comme Belkhadem.

"En ma qualité de militant du FLN et ayant été à la tête de ce parti grâce à la confiance de nos militants, il est tout à fait normal que je rencontre les cadres et militants du FLN", a déclaré récemment Belkhadem, qui multiplie les apparitions en public pour rameuter les "redresseurs". Une chose inimaginable depuis son éjection brutale de toutes ses fonctions, il y a deux ans.

Faut-il rappeler qu’en août 2014, le président Abdelaziz Bouteflika a apposé sa signature sur un décret ordonnant à Ammar Saâdani de "prendre les mesures nécessaires afin de mettre fin aux fonctions de M. Abdelaziz Belkhadem au sein du parti et interdire sa participation aux activités de l’ensemble de ses structures".

Des observateurs avancent que l’apparent retour en grâce de Belkhadem, ancien conseiller présidentiel, Premier ministre et chef de diplomatie, serait en liaison avec la volonté de sceller une nouvelle union sacrée entre les fidèles du chef de l’Etat dans la perspective d’un cinquième mandat.

Le cas échéant, le scénario du quatrième mandat, qui a vu la réhabilitation tant d’Ahmed Ouyahya, "l’homme aux sales besognes", que de Belkhadem, serait bien en marche.

(Source MAP)

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