Algérie: la presse électronique dénonce l’arrestation de plusieurs de ses journalistes

Une vingtaine de sites algériens d’information ont dénoncé mercredi une "campagne de criminalisation" de la presse électronique algérienne, dont cinq journalistes ont été incarcérés ces dernières semaines, ainsi que des tentatives de la "discréditer".

"La presse électronique algérienne subit ces dernières semaines des attaques sans précédent dans sa jeune histoire", explique le Syndicat algérien des éditeurs de la presse électronique (SAEPE) qui regroupe ces "pure players", parmi lesquels Maghreb Emergent, TSA (Tout sur l’Algérie), Huffpost Algérie, Dzfoot ou Interlignes Algérie.

Ils dénoncent "le recours abusif et injustifié en début d’instruction à l’emprisonnement" de cinq journalistes et éditeurs de presse électronique ces dernières semaines et appellent "à la cessation de la campagne de stigmatisation de la presse électronique" en Algérie.

Abdou Semmar et Merouane Boudiab, rédacteur en chef et journaliste du site Algérie part, ont été placés fin octobre en détention préventive, en attendant leur procès jeudi pour "diffamation" et "atteinte à la privée", sur plainte notamment d’Anis Rahmani, patron d’Ennahar TV, plus grand groupe médiatique privé algérien, réputé proche du pouvoir.

"Nos confrères d’Algérie Part sont en prison pour des délits de presse et rien d’autre que ça", a souligné mercredi Ihsane Elkadi, directeur éditorial de Maghreb Emergent.

Directeur des sites Algerie Direct et Dzair Press, Adlène Mellah, a été incarcéré le même jour, selon son avocat, dans une affaire de présumé chantage sur les réseaux sociaux que plusieurs personnalités algériennes, dont M. Rahmani, ont accusé un cyberactiviste Amir.dz d’avoir exercé contre elles.

Par ailleurs, Ilyes Hadibi, jeune patron du site d’information aljazair24, et Abdelkrim Zeghilache, directeur de la webradio Sarbacane, ont été arrêtés et incarcérés le 31 octobre.

Le Parquet n’a communiqué aucune information sur ces cinq arrestations. Par ailleurs, Saïd Chitour, fixeur, accusé d’"intelligence avec une puissance étrangère" pour avoir livré des "documents confidentiels" à des diplomates étrangers, est lui incarcéré depuis juin 2017.

"La presse électronique est reconnue par la loi" sur l’Information adoptée en 2012, mais "n’est pas reconnue dans les faits" par les autorités algériennes, a expliqué M. Elkadi: elle ne peut bénéficier de la publicité institutionnelle ou des entreprises publiques ni du fonds d’aide au médias. Ses journalistes ne peuvent prétendre à la carte de presse.

Certains médias, dont Ennahar, essaient "de discréditer la presse électronique en l’accusant d’être affiliée à la cyberdissidence", a-t-il poursuivi.

"Nous fonctionnons comme les autres journalistes, nous sommes soumis aux mêmes règles" juridiques et déontologiques, a assuré M. Elkadi, "ce sont simplement les supports qui ont changé".

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