Algérie : et quand le pétrole et le gaz auront tari ? (Le Matin DZ)

Algérie : et quand le pétrole et le gaz auront tari ? (Le Matin DZ)
D’aucuns se croient autorisés à clamer, çà et là, qu’untel, Ibn Khaldoun par exemple, était en avance sur son temps, sur le 14e siècle. Si l’on pouvait-être en avance sur son temps jadis, alors pourquoi aucun des dirigeants algériens et de leurs légions d’auxiliaires corrompus jusqu’à la moelle des os (pléonasme volontaire), chargés d’éduquer, d’instruire, de socialiser, de civiliser, de loger, de soigner, de former professionnellement, de créer des emplois, de contenir la corruption, de promouvoir la démocratie…ont-ils définitivement piteusement raté leurs missions et sont-ils en retard sur leur temps ?

En dehors de la démagogie verbale, il n’existe aucun instrument de mesure qui détermine, ne serait-ce qu’approximativement, la distance sidérale qui sépare les peuples traditionnels de la modernité. Il y a deux mille ans, les Romains construisaient des palais, des routes, des ponts, des aqueducs… majestueux. Il y a deux cents ans, le premier train à vapeur à été mis sur les rails. Il y a plus de cent ans, l’automobile a colonisé les routes et l’avion les cieux.

L’Algérie de 2011, dite : «révolutionnaire» et «progressiste», est vaste et richement dotée de ressources naturelles. Elle va bientôt franchir le seuil du 50e anniversaire de son «indépendance». Pourquoi les Algériens ne savent-ils toujours pas construire leurs routes, autoroutes, ponts, ports, aéroports, immeubles, métro, tramway, par exemple ? Pourquoi ont-ils recouru à la société ADP et RATP (sociétés françaises) pour gérer leurs aéroports et le métro d’Alger, en chantier depuis 1984 (soit depuis 27 ans) si tant est qu’il sorte un jour de son tunnel ?

En dehors de produits artisanaux et agricoles, l’Algérie n’a aucune industrie autonome. Sans recours massif à toutes sortes d’’importations, les Algériens sont incapables de produire, de manière industrielle et autonome, leurs vêtements, chaussures, matelas, cuillères et louches, en bois ou autres, marmites et assiettes, en terre cuite ou autres, couteaux et haches, en pierre taillée ou autres.

Quant à nos produits hybrides étiquetés «made in Algeria», si toutefois ils existent, dont nous sommes autrement si fières, ne serait-on pas bien inspirés de comparer leur esthétique et leur efficacité avec ceux des vestiges de leurs homologues des époques pharaoniennes, juste pour avoir une vague idée sur la place que nous occupons dans le vaste espace séparant une antiquité très révolue et une modernité trop lointaine ?

En 1980, j’ai eu l’occasion des visiter, au Grand Palais, à Paris, une exposition «Avant Scythes», qui a honorablement tenu son rang dans l’Iran actuel et pays voisins, entre le XIIe et le VIIIe siècle avant Jésus-Christ, reproduite par le CNRS. A cette occasion j’avais découvert, avec stupéfaction, que cette civilisation antédiluvienne avait plusieurs siècles de progrès d’avance sur l’humble tribu qui m’a donné le jour en 1946, en Algérie, dans un département de la France coloniale.

« … Si les Africains ne sont pas capables de construire un pont, qu’ils continuent à traverser le fleuve à gué. Car, si une multinationale venait à le leur construire, ils ne connaîtront ni sa valeur ni ne seront l’entretenir, ils le laisseront dépérir prématurément… » avait dit de juste l’immense Franz Fanon.

Les villes algériennes, y compris les plus grandes Alger, Oran, Constantine, Annaba… croulent littéralement sous les détritus, les puanteurs et elles sont envahies par des colonies de rats d’égouts. Les immeubles de type Haussmanien, qui furent jadis de haut standing, hérités du colonialisme, notre butin de guerre, sont devenus lépreux, hideux ; ils menacent de s’effondrer sur leurs occupants et les passants, dans l’indifférence générale.

Si les Algériens de 2011 ne sont pas capables de fabriquer des cuillères, par exemple, de produire, qu’ils continuent à manger avec leur main, en attendant d’apprendre à les produire et à connaître leur utilité domestique et leur valeur culturelle.

Dans les années 50 du siècle dernier, les tribus des monts Dahra vivaient de manière autonome à plus de 99%. Ils construisaient leur maison, fabriquaient leurs ustensiles de cuisine avec de la terre cuite, leurs cuillères et leurs louches avec du bois, leurs récipients d’eau et de lait en peaux de chèvres, leurs gandoura en laine, leurs sandales, les «miches » avec des pneus Michelin usagés. A présent, ils dépendent pour se nourrir, se vêtir, se chausser, s’instruire, se curer les dents…, à plus de 95%, et des revenus du gaz et du pétrole et des importations massives, contrôlées par un Etat mafieux et sans scrupule. Les semoules importées sous étiquettes «premier choix», sont en réalité classées par les éleveurs occidentaux comme étant impropres à la consommation pour leurs vaches, porcs et volailles.

Demain, lorsque le gaz et le pétrole seront épuisés, la population algérienne aura fatalement doublé et son niveau de vie forcément augmenté, de quoi va-t-elle survivre ? Lui servira-t-on du couscous de sable du désert copieusement arrosé de pollution, en lieu place de semoule et de sauce ? Comment éviter une pareille catastrophe humaine ? Il faut chasser la mafia politique au pouvoir au plus vite avant qu’il ne soit trop tard. Construisons demain à partir d’aujourd’hui.

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