Algérie: des partis condamnent « les meurtres » de manifestants, exigent une enquête

Des partis politiques algériens ont condamné « les meurtres » de manifestants à Touggourt (sud), exigeant l’ouverture d’une enquête sur les heurts survenus, vendredi, dans cette localité de la wilaya de Ouargla, à la lumière d’informations sur l’utilisation de « balles réelles ».

Deux jeunes manifestants ont été tués et une vingtaine d’autres blessés, dont deux grièvement, dans ces affrontements d’une rare violence, durant lesquels les services de sécurité ont eu recours à une "violence inouïe et disproportionnée" contre des citoyens qui réclamaient l’amélioration de leurs conditions de vie.

"A des revendications sociales et légitimes, le pouvoir a réagi par des moyens répressifs qui contrastent extrêmement avec la contestation pacifique des jeunes qui étaient rassemblés pendant deux jours avant que la police n’intervienne", déplore le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD).

Dans un communiqué mis en ligne, le RCD souligne que "ce déferlement de la violence des services de sécurité confirme l’incapacité du pouvoir à apporter des solutions aux attentes citoyennes et à anticiper sur des mouvements de protestation récurrents".

Et de poursuivre: "Ce qui s’est passé à Touggourt, comme ce que vivent de nombreuses régions du pays, nous rappellent, chaque fois, que la colère et la misère qui la nourrit sont les conséquences de l’incompétence, de l’autisme et de l’illégitimité du pouvoir".

Le parti d’opposition estime que "la gravité de la situation politique et sociale que traverse notre pays exige résolument une profonde rupture et l’urgence d’une transition politique pour éviter le chaos à la nation".

De son côté, le Mouvement démocratique et social (MDS) a qualifié "d’intolérable" la mort de manifestants à Touggourt, relevant que ce drame "illustre l’absence de volonté de dialogue de la part du pouvoir politique".

"Les autorités locales ou nationales n’ont que la police à envoyer pour répondre à coup de matraque aux revendications citoyennes", dans une tentative de "démobiliser les manifestants pacifiques", fait remarquer cette formation politique.

"Cette escalade de violence qui a conduit à l’irréparable appelle, quoi qu’il ressorte de l’enquête, à une prise de responsabilité des autorités dont le caractère despotique et l’incapacité à rompre avec les intérêts néolibéraux apparaissent à l’occasion de ces décès", assure le MDS.

Le parti réitère son appel pour une "réforme profonde des différents services de sûreté et de sécurité", tout en regrettant que les policiers soient "utilisés comme béliers, désignés coupables de ‘dépassements’ ".

Dans une réaction sur sa page Facebook, le président du Mouvement pour la société de la paix (MSP), Abderrezak Mokri, a demandé l’ouverture d’une enquête sur les circonstances de la mort de deux jeunes manifestants à Touggourt, principalement les allégations sur "l’ouverture du feu avec des balles réelles".

Le dirigeant islamiste exhorte les autorités à satisfaire "immédiatement" les revendications des protestataires et à ne pas utiliser "la force dans la confrontation".

Au lendemain de ces graves événements, le ministre algérien de l’Intérieur Tayeb Belaiz s’est rendu sur place afin d’apaiser la tension dans cette région, lourdement frappée par le chômage et la pauvreté, d’autant qu’elle a été le foyer d’un vaste mouvement de protestation sociale au printemps 2013.

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