Algérie: des gendarmes arrêtent le tournage d’une émission satirique de la chaine TV privée KBC

Des gendarmes algériens ont fait jeudi une descente dans un studio de la chaine de télévision privée KBC, à Alger, et arrêté le tournage d’une émission satirique, quelques jours après la suspension d’une autre émission de la même chaine, rapporte le journal El Khabar sur son site Web.

La suspension de l’émission satirique "Nass Stah" abordant des sujets politiques et sociaux intervient une semaine après la mise sous scellés des locaux servant pour l’autre émission satirique "Ki Hna Ki Nass".

Plusieurs cadres de KBC et du groupe El Khabar, au ton acerbe contre le pouvoir, ont été convoqués par la gendarmerie dans le cadre d’une enquête sur l’exploitation de ce studio mis sous scellés en 2014, suite à la fermeture de la chaîne Atlas TV, selon les autorités. Le directeur de la chaine, Mehdi Benaissa, a été placé mercredi en garde à vue.

Le groupe de presse El khabar qui possède un journal éponyme, la chaîne de télévision KBC, les imprimeries et une société de diffusion a été racheté en avril par l’homme d’affaire Issad Rebrab, qui accuse le gouvernement de bloquer ses investissements en Algérie.

Quelques jours après la transaction, le ministère de la justice a intenté une action en justice pour invalider l’opération. Le ministère a jugé la transaction "illégale", car "contraire" aux dispositions sur le monopole contenues dans la dernière loi organique sur la presse. Ces dispositions interdisent notamment à un même groupe ou une même personne, de détenir plus de deux journaux. Or, Rebrab est déjà propriétaire du journal francophone Liberté.

Après plusieurs renvois, le tribunal administratif de Bir Mourad Raïs a gelé, la semaine dernière, le rachat du groupe par Ness-Prod, filiale de Cévital du magnat Rebrab. Le conseil d’Etat devrait se prononcer sur le fond de l’affaire à la mi-juillet.

Protestant contre "un simulacre de justice", les avocats du groupe ont annoncé mercredi leur retrait du procès de l’affaire, affirmant qu’il était vain de continuer à travailler sur une affaire "politique par excellence".

Les médias sont depuis quelques jours dans la ligne de mire du régime algérien qui mène une véritable purge contre toutes les voix dissonantes, particulièrement celles ayant décrié la réélection du président Abdelaziz Bouteflika pour un quatrième mandat en avril 2014.

Plusieurs journaux ont déclaré être privés des annonces publiques, leur principale source de subsistance contrôlée par l’Agence nationale de l’édition et de la publicité (Anep), chargée de la mise en oeuvre de la politique officielle dans ce domaine. La mise sous scellés du studio de KBC rappelle la fermeture en pleine campagne électorale pour la présidentielle de 2014, de la chaîne privée Atlas TV qui s’était distinguée par la couverture non-stop des manifestations organisées par le mouvement "Barakat" (ça suffit) contre la candidature du président Abdelaziz Bouteflika à un quatrième mandat, lors du scrutin du 17 avril prochain.

Avant Atlas TV, les autorités ont fermé la chaine de télévision privée El Watan TV après la diffusion par cette dernière d’un entretien avec un ancien chef du Front islamique du Salut (FIS, dissous).

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